Être détenteur d’une automobile induirait des «biais cognitifs» et une forme de «dépendance». Voilà ce qu’avance le chercheur de Polytechnique Montréal et conférencier en transport, Jérôme Laviolette, dont les recherches portent sur la dépendance à l’automobile.
«Même si les statistiques montrent l’impact négatif de l’auto, les biais vont contre changer nos habitudes», a expliqué le chercheur lors d’une table ronde sur le transport collectif organisé par la Coalition climat Montréal, ClimAction Lachine et la Table transport du Front commun pour la transition énergétique à la Maison du développement durable, le 4 mai.
Parmi ces biais, on compte une déformation de la «perception du temps». Selon les recherches de M. Laviolette, les automobilistes «sous-estiment les temps de déplacement en automobile, notamment parce qu’ils oublient le temps de chercher un espace de stationnement et surestiment le temps de déplacement en transport collectif». À cela s’ajoute un «dédain de l’incertitude du transport collectif», ce qui engendrerait la fausse idée que «l’auto est plus fiable». Ainsi s’installerait une dépendance à l’automobile liée à l’idée que l’on subirait une «perte» si l’on changeait nos habitudes pour adopter le transport actif.
Ces biais qui créent une dépendance psychologique, additionnés à une dépendance «structurelle» et à une dépendance «sociétale» à l’automobile, expliqueraient pourquoi une frange de la population lève systématiquement le poing contre toute proposition d’investissement en transport actif ou collectif qui risquerait de réduire le parc automobile.
«Pourtant, rappelle M. Laviolette, le transport collectif présente beaucoup plus d’avantages.»