Les préjugés ont la vie dure. Certains diront que les 12% de Montréalais qui utilisent Communauto sont plus dangereux au volant et conduisent moins bien que les personnes possédant une voiture. Mais est-ce bien vrai?
Précisons qu’il est difficile de comparer les styles de conduite des différents conducteurs et que les données sur les accidents impliquant des voitures Communauto sont relativement peu nombreuses, ce qui rend ardu l’établissement d’un portrait exact. Il est tout de même possible de dresser quelques constats partiels.
La donnée la plus remarquable est le bilan de seulement deux blessés graves et zéro mort dans un accident impliquant un véhicule Communauto entre 2017 et 2022. Pourtant, uniquement en 2022, les Communauto ont été utilisées pour plus de deux millions de trajets.
Il faut cependant noter que les Communauto sont surtout conduites en milieu urbain, où la vitesse est réduite, ce qui fait en sorte que le risque d’une fatalité l’est également. De plus, la majorité des trajets en Communauto se font à Montréal, une région urbaine qui connaît moins d’accidents que des régions plus rurales comme le Centre-du-Québec ou la Montérégie.
À Montréal, 20 piétons sont morts happés par un véhicule en 2022 et 40 ont été blessés gravement en 2021. De ce nombre, aucun n’a été fauché par une voiture Communauto. Ce constat ne serait cependant pas étonnant, car des données récoltées par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) montrent que les cyclistes, qui sont aussi souvent conducteurs, font plus attention aux autres. Et une part importante des abonnés Communauto font aussi du vélo, ou utilisent les vélos BIXI.
Les conducteurs Communauto sont aussi plus souvent piétons, mais aucune étude de la SAAQ n’a exploré le lien entre le fait d’être piéton-conducteur et l’attention portée aux autres usagers.
De plus, moins d’un blessé léger sur 1000 l’a été dans un accident impliquant une Communauto entre 2017 et 2022. En effet, 158 356 personnes ont été blessées légèrement dans un accident de la route au Québec sur cette période, dont 127 dans un accident impliquant une Communauto.
Autre donnée: le nombre d’accidents avec dommages matériels était de près de 70 000 au Québec et de 46 pour les Communauto, en 2019. Le constat d’un moins grand nombre de collisions avec dommages matériels est connu de Communauto. L’assurance de l’entreprise affirme à cette dernière que la fréquence des sinistres sur les cinq dernières années est «en moyenne 47% plus basse que celle de l’industrie».
Si le portrait reste imparfait en raison des différences de conduite entre régions rurales et urbaines, plusieurs données tendent vers le constat que les utilisateurs du service Communauto ne seraient pas plus dangereux au volant que la population générale. Au contraire.
Mais alors, pourquoi plusieurs conducteurs se plaignent du style de conduite des automobilistes Communauto? Pour le directeur général de Vivre en ville, Christian Savard, le fait que les voitures Communautos soient très facilement identifiables explique peut-être ce cliché. De plus, il remarque que les stéréotypes sur la soi-disant mauvaise conduite des personnes qui n’ont pas de voiture peuvent amplifier ce préjugé.