On l’a vu ces derniers jours, les baby-boomers ont le dos large. Rajoutons-en un peu, si vous le voulez bien, et voyons comment cette cohorte de consommateurs a réussi à influencer les design des intérieurs automobile chez Ford.
Je dis chez Ford, parce que les autres constructeurs, interrogés sur ce qu’ils mettent en Å“uvre afin de satisfaire les baby-boomers, nous répondent que leurs véhicules s’adressent plutôt à une clientèle jeune et familiale.
On boude les baby-boomers? Faudrait pas! Car ceux-ci représentent l’une des clientèles, sinon «la» clientèle automobile la plus importante qui soit. Non seulement ils sont nombreux, mais, maintenant que leur progéniture a quitté le nid et que leur sécurité financière est assurée, ils sont susceptibles de se procurer, disent les experts, sept autres véhicules d’ici la fin de leur vie.
Sept véhicules, selon une étude américaine d’AutoPacific, ce n’est rien de moins que la moitié de tous les véhicules que les baby-boomers auront acheté au cours de leur existence!
Une équipe ergonomique
Mais les baby-boomers vieillissent et doivent malheureusement composer avec des limitations physiques. C’est pour ces derniers que Ford travaille à modifier ses habitacles automobiles. En effet, loin de nier son implication auprès des populations âgées, Ford au contraire a créé une équipe ergonomique chargée de concevoir des véhicules sécuritaires, confortables et intuitifs à conduire, avec en tête les gens qui prennent de l’âge.
La principale revendication de ces derniers? L’accessibilité, disent les études que le constructeur a menées. Mais comment réellement comprendre la chose lorsque les ingénieurs qui composent l’équipe ergonomique… n’ont qu’une trentaine d’années?
Rien de plus facile : il suffit de revêtir le costume
«troisième âge».
Comme une… 3e peau
Ce survêtement, conçu par une université anglaise, aide à simuler… l’âge d’or. Il comporte des sangles et des poids qui limitent les mouvements, tant aux genoux qu’aux coudes, au dos qu’au cou. Ajoutez des lunettes et des gants qui affaiblissent la vue et le sens du toucher, et c’est 30 ans de plus qui s’abattent sur vos épaules.
«Le survêtement est encombrant et nous donne l’air de quelqu’un qui travaille dans un garage et non pas dans un studio de design! rigole l’un des ingénieurs impliqués, Eero Laansoo. Mais il s’agit d’un outil fantastique : on a beau lire à propos des restrictions dont souffrent les personnes âgées, c’est tout autre chose que de l’expérimenter en se glissant dans leur peau.»
C’est ainsi que les «vieillards» d’un jour découvrent les difficultés d’un état d’arthrite avancé ou les misères d’une collection de vieilles blessures de sport. «Une fois le survêtement enfilé, il devient laborieux de se mouvoir, explique M. Laansoo. Lever le bras pour ouvrir une portière, grimper sur le siège avant, ramener la jambe… tous ces gestes consomment soudain une énergie insoupçonnée.»
Des habitacles plus accessibles… pour tous!
Principale conséquence de cette «peau» du troisième âge? Désormais, chez Ford, les sièges sont positionnés plus près de la portière, de façon à ce que les occupants n’aient plus à y grimper, mais plutôt à s’y glisser.
Aussi, les poignées des portières sont passées du clapet que l’on soulève à un mécanisme qui permet une pleine prise en main, beaucoup plus facile pour celui ou celle dont les doigts n’ont plus la vigueur d’autrefois. Et l’instrumentation de bord a été révisée avec des graphiques et des contrastes plus lisibles, question d’en faciliter la lecture pour ceux dont la vue diminue.
La beauté de la chose, c’est que ces petits détails, conclut M. Laansoo, profitent à tous les autres. Ainsi, la troisième rangée de certains véhicules, qui se rabat aisément d’une simple commande électrique, a été conçue afin d’en faciliter la manipulation auprès des gens du troisième âge. Mais avouez, qu’importe l’âge, qui ne profite pas d’un tel dispositif?