Eh oui, c’est vrai : c’est aujourd’hui que prend fin ma carrière d’inspecteur viral au journal Métro. Ceci sera le dernier billet de l’inspecteur sur le site du quotidien.
Je quitte le journal pour me joindre aux rangs de ICI Grand Montréal à Radio-Canada (alors, oui, cette fois-ci ce sera vrai: je serai techniquement payé par Justin Trudeau). Je ne sais pas encore de quoi auront l’air les projets que je mettrai au point dans le cadre de mon nouvel emploi. Ne vous attendez pas pour autant à ce que j’abandonne ma passion pour le fact-checking et les phénomènes de désinformation sur le web, c’est certain.
Soyez assurés: je continuerai d’incarner l’inspecteur viral, avec une nouvelle page web et une nouvelle page Facebook. Ce projet se fera à mon compte. Un autre look, une nouvelle approche? Peut-être! Je ferai une annonce dans les prochaines semaines.
La direction m’assure que Métro continuera à faire du fact-checking web et continuera d’utiliser la page Facebook de l’inspecteur (sous un autre nom). RESTEZ ABONNÉS À LA PAGE FACEBOOK ACTUELLE, vous recevrez des nouvelles à cet effet bientôt. Je souhaite bonne chance à mon éventuel(le) remplaçant(e)! (Même si je ne sais pas encore t’es qui, je t’aurai à l’œil… mouahahaha)
Mais, oui, j’ai un petit pincement au coeur à l’idée de quitter ma petite famille au journal.
Honnêtement, jamais je ne me serais imaginé l’ampleur que prendrait l’idée un peu comique de partir à la recherche de fausses informations sur le web et de les démentir avec un ton sarcastique et baveux. Au fil de quelque 280 billets, 90 interventions à la radio, deux invitations à la télé (salut maman!), quelques entrevues dans les pages de la compétition (salut boss!) et une poignée de conférences, je pars avec le sentiment du devoir accompli.
J’aurai toujours la satisfaction d’avoir tiré la sonnette d’alarme à propos des fausses nouvelles bien avant que l’expression ne devienne un «buzzword» médiatique (je ne veux pas dire «je vous l’avais dit», mais… je vous l’avais dit).
Je serai toujours fier, aussi, d’avoir fait ma part pour mettre cet enjeu «sur la map» au Québec, à ma façon, avec le peu de moyens dont je disposais, avec comme seule arme un blogue que j’écrivais sur un coin de table entre deux bouchées de sandwich pendant mes heures de dîner (FAUX: je ne mange presque jamais de sandwich, et j’essaie généralement de publier vers 11h30, soit avant l’heure du dîner. Un pieux mensonge pour illustrer la nature un peu guérilla de l’inspecteur viral).
Bref, le fait que près de 11 000 d’entre vous m’aviez fait assez confiance pour vous abonner à la page Facebook de l’inspecteur… ça fait chaud au cœur. Vraiment.
Merci à tous ceux qui m’ont écrit pour me remercier pour mon travail. Très sérieusement, je ne répondais pas aux messages à 22h un samedi soir pour le salaire. Vos messages m’ont souvent fait sourire.
Merci à mes collègues dans les médias, qui m’ont pris au sérieux, moi, un jeune journaliste avec seulement quelques années d’expérience qui tentait de leur faire prendre conscience d’un phénomène qui menace le journalisme. Profession que j’adore et dont je continue de marteler l’importance, d’ailleurs.
Merci à mes patrons, qui ont très rapidement compris le potentiel de l’inspecteur viral, et qui m’ont laissé du temps pour me consacrer à son essor, dans un contexte pas très facile où les effectifs limités du journal ne leur laissaient pas toujours une très grande marge de manœuvre.
À mes collègues de bureau qui ont eu à subir mon exaspération quotidienne face à ce que je lisais sur Facebook, et qui ont dû relire mes textes et tenter de comprendre mes phrases trop longues avec trop de virgules et trop de parenthèses (c’est ce que je fais pour avoir l’air énervé, c’est une technique d’écriture tout à fait normale, bon): vous avez toute ma sympathie.
Et puis, finalement, merci à vous tous qui m’envoyiez des messages pour me demander d’enquêter sur des conneries que vous aviez vues sur le web. Je n’ai pas pu vérifier tout ce que vous m’avez envoyé, mais sachez que plusieurs des billets les plus populaires de l’inspecteur étaient issus de messages de votre part.
Si je peux vous laisser sur une note positive: le web vous appartient. La désinformation existe depuis toujours et ce n’est pas demain qu’elle cessera de circuler sur les réseaux sociaux. Posséder un compte Facebook ou Twitter amène une grande responsabilité, celle de ne pas désinformer notre auditoire. Plus les gens comprendront cela, moins les mensonges circuleront.
Mais, outre cette responsabilité, on a aussi un immense pouvoir. On peut faire changer les mentalités. On peut sensibiliser nos amis, un à la fois. On peut aider à dépolluer le web, parce qu’il nous appartient. Au final, le web, c’est nous.
Eh boy, 855 mots. C’est le temps de décrocher.
Bon! À la prochaine!
Jeff