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Un internet féministe en construction

Avec l’aide de seize étudiants de l’Université des arts de Londres, la Dre Charlotte Webb a démarré un projet appelé Internet féministe. Le mouvement qui se veut volontairement provocateur, en utilisant le mot «féministe» dans le titre, part du principe que l’internet que nous connaissons est profondément inégalitaire pour les femmes et tous les groupes minoritaires.

Pour la Dre Webb, l’égalité sur le web signifie l’égalité des droits à la liberté d’expression, la vie privée, la protection des données et l’accès à internet, nonobstant de la race, de la classe, du sexe, de l’identité sexuelle, de l’âge, des croyances ou des capacités des internautes.

Le site Internet Féministe explique que «beaucoup d’inégalités de la société sont encodées dans ses structures, ses processus et ses communautés. Qu’il s’agisse de plateformes numériques autorisant les abus en ligne contre les femmes, de l’absence de la diversité de la main-d’œuvre dans le secteur technologique, des privilèges de collecte de données biaisés ou de la dénomination sexiste des robots initiant des conversations sur le web (chatbot).»

Ce n’est pas la seule façon dont la violence sexiste se manifeste en ligne. De la nature intrinsèquement soumise des assistants personnels, aux Incels discutant sur Reddit des moyens de punir les femmes qui ne veulent pas avoir de rapports, au harcèlement en ligne dont plus d’une femme sur cinq se dit victime au Royaume-Uni, Internet peut être un endroit dangereux pour les femmes.

Même si une étude montre que les hommes sont plus souvent persécutés que les femmes en ligne, le harcèlement vécu par les femmes est basé uniquement sur le fait d’être… une femme, ce qui n’est pas le cas des hommes qui sont importunés pour leurs opinions ou leurs préférences.

Le mouvement pour un internet égalitaire organise des consultations publiques. Plusieurs idées y sont lancées, telles que de concevoir le Hollabot, une application qui détecte les abus et le harcèlement en ligne et qui incite les auteurs à réaliser des actes communautaires sur le web afin de s’en repentir. Des internautes ont aussi suggéré d’inventer ELI, qui signifie Empathic Living Intelligence, un système basé sur l’Internet des objets, ayant pour but de résoudre les conflits domestiques. Un autre programme: le Well Rounded Future. Il s’agit d’une agence qui utilise des données pour évaluer et améliorer les statistiques et les genres dans les organisations. Elle travaille également sur la création de nouveaux assistants personnels afin de délaisser Alexa et Siri qui sont reconnus comme sexistes, renforçant les stéréotypes sociaux profondément enracinés concernant les femmes.

Un autre problème sur internet: le culte de l’image. La fondatrice de Internet féministe veut s’attaquer à la glorification des femmes blanches et minces véhiculée par des plateformes, comme Instagram. «Il faut prendre conscience de la manière dont les représentations des corps sont construites et sexuées en ligne», explique Charlotte Webb. Cela ne signifie pas pour autant se retirer complètement de la plateforme. La fondatrice recommande plutôt de suivre des comptes qui défendent les droits des femmes et prennent en compte la pluralité de celles-ci.

Afin que le projet Internet féministe puisse se concrétiser, il faut trouver un soutien financier et une structure pérenne. Son instigatrice espère mettre en pratique certaines des idées et des technologies que les consultations publiques ont fait ressortir, mais pour cela, il faut de l’argent!

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