Après l’Égypte d’Origins, Assassin’s Creed d’Ubisoft visite cette année la Grèce antique avec Odyssey. Mise à l’essai d’une épopée vidéoludique ambitieuse, qui passe bien près de s’imposer comme le meilleur titre de la série à ce jour.
Ubisoft Québec peut dire mission accomplie. Son nouveau jeu n’est pas seulement à la hauteur de l’excellent Assassin’s Creed Origins, il est meilleur.
Odyssey complète la refonte amorcée l’année dernière par son prédécesseur. Les nouveautés d’Origins restent en place – les mécanismes améliorés pour le combat, le personnage dont les habiletés progressent avec le temps et les armes à collectionner –, mais le titre offre en plus une toute nouvelle vision narrative.
Le joueur a pour la première fois son mot à dire dans les dialogues, et ses actions ont une influence sur le cours de l’aventure. La structure narrative est aussi plus étoffée: Odyssey propose une poignée d’intrigues principales, divisées comme un livre en chapitres.
L’histoire elle-même est l’une des meilleures à ce jour pour un Assassin’s Creed. L’intrigue principale, qui concerne la famille du joueur (que l’on choisisse d’incarner Kassandra ou Alexios), pique notre curiosité et nous donne envie de continuer. Il faut aussi dire que l’environnement et les personnages qui nous entourent – de Périclès à Socrate – sont riches, probablement plus qu’à n’importe quelle époque visitée jusqu’ici par la série.
On aurait toutefois aimé des dialogues plus justes. Ceux-ci sonnent souvent faux, et leur vulgarité occasionnelle détonne, au point de déconcentrer le joueur. Dommage. Les intrigues principales du jeu ne sont pas non plus toutes du même calibre.
Des dizaines d’heures de contenu
L’histoire d’Assassin’s Creed Odyssey nous emmène aux quatre coins de la Grèce et de ses cités-États, que ce soit à pied, à cheval ou en bateau. La carte accessible au joueur est immense, et le contenu est abondant.
Les objectifs ressemblent à ceux des derniers opus, comme assassiner un personnage ou infiltrer une base ennemie pour obtenir un objet. Odyssey offre toutefois une nouvelle dimension géopolitique, qui offre la possibilité de participer à la guerre qui oppose Athènes et Sparte. On peut affaiblir les forces d’une cité-État, tuer son chef dans une région et prendre part à d’immenses batailles.
Autre nouveauté intéressante, l’exploration se fait d’une façon beaucoup plus naturelle qu’auparavant. Lorsqu’on doit accomplir une mission, l’objectif n’apparaît pas comme par magie sur la carte. On se fait plutôt donner des indications réalistes, comme «il habite dans une maison isolée près de la mer, au nord de la montagne». Ceux qui le préfèrent peuvent cependant toujours être guidés d’une façon plus traditionnelle.
Visuellement, le jeu est joli, sans pour autant repousser les limites actuelles de la technologie. On aime toutefois qu’Odyssey mette en scène un monde vivant. La faune sauvage affecte le joueur et les habitants des villages, les personnages semblent dotés d’une volonté propre et la guerre est toujours présente en arrière-plan, même lorsque l’histoire n’en parle pas directement. On ne visite pas une reproduction de la Grèce antique, on visite une simulation.
Même si les joueurs qui recherchent toujours le meilleur rapport quantité-prix possible vont adorer l’immensité d’Odyssey, force est de reconnaître que le titre en offre probablement un peu trop. Comme c’est souvent le cas, les missions principales sont intéressantes, mais les objectifs secondaires sont souvent redondants. Le problème est courant, mais exacerbé ici parce qu’Ubisoft Québec a choisi de ralentir la progression du personnage au point où il est essentiel d’enchaîner ces missions secondaires répétitives si on veut atteindre un niveau assez élevé pour poursuivre l’histoire principale.
Cette obligation nuit grandement au rythme du jeu. Bien des joueurs ne verront jamais la fin d’Assassin’s Creed Odyssey, et plusieurs autres risquent d’en venir à bout seulement l’année prochaine. Raccourcir le jeu – ou du moins permettre aux joueurs de ne vivre que ce qu’il a de meilleur à offrir – aurait permis d’en faire une expérience mémorable.
Certains joueurs et journalistes spécialisés martèlent depuis des années l’importance de la durée des jeux. Mais parfois, trop, c’est comme pas assez.
Note: 88/100