Le compte Facebook de Pégida Québec, un «Regroupement Québécois (sic) contre l’Islam politique (sic) la radicalisation, l’intégrisme (sic) la Charia et toutes religion (sic) qui soit (sic) radical (sic)», selon la description de la page, déborde bien sûr de propos islamophobes.
C’est sans surprise, donc, que le groupe cherche à trouver toutes sortes d’excuses pour enfoncer son clou: le Québec serait aux prises avec une crise d’islamisation (l’inspecteur viral leur ferait remarquer que le récent engouement pour le bacon laisse croire autrement, mais bon).
Voici un beau petit bijou publié sur la page de Pégida Québec le 5 septembre dernier:
La page de Pégida Québec a été fermée depuis.
«Cherchez l’erreur: Hier djihadiste, aujourd’hui réfugié. Nos bons gouvernements, sensible (sic) à une propagande brise-coeur, (où sont les photos d’enfants chrétiens mutilés par les barbus?) et nos gouvernement (sic) font entrer des soldats d’allah (sic) par milliers. (sic) sur nos terre (sic)», peut-on lire.
La vérité
Bien sûr, Pégida Québec croit que toute personne qui a l’air être originaire du Moyen-Orient et qui tient une arme à feu est automatiquement un djihadiste.
La photo montre en fait Laith Al Saleh, un ancien rebelle syrien qui était membre de l’Armée syrienne libre, une armée rebelle opposée au gouvernement du président Bachar el-Assad, et qui «se caractérise, pour l’essentiel, par son nationalisme arabe et son objectif démocratique, au contraire des brigades salafistes et djihadistes».
M. Al Saleh, en d’autres mots, s’est battu contre État islamique et les djihadistes dans son pays.
Oui, oui, vous avez bien lu. Ça ne s’invente pas.
Mais répétons quand-même: cet homme, que Pégida tente de faire passer pour un djihadiste, se battait en fait contre le gouvernement syrien, mais aussi contre État islamique et contre les djihadistes.
L’ancien rebelle, qui vivait à Alep, avait peu de mots tendres envers djihadistes lors d’une entrevue avec l’Associated Press: «Près de 70% de la ville [Alep] est détruite… En syrie, Al Quaeda veut ma peau, l’État islamique et le gouvernement aussi – je me suis battu contre eux tous. Je m’en fous. Certaines personnes en ont peur. Moi, non.»
Malheureusement (mais heureusement pour les djihadistes), M. Al Saleh a en effet éventuellement dû quitter son pays natal dans l’espoir de rejoindre les Pays-Bas et d’y obtenir le statut de réfugié.
Pégida a d’ailleurs probablement «emprunté» son information à cette publication Facebook, qui a été solidement démentie par le quotidien britannique The Independent.
Vous pouvez voir ici un photoreportage troublant du magazine américain The Atlantic sur la crise humanitaire en Syrie, d’où cette photo de M. Al Saleh a été tirée.
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