Techno

Premières impressions de No Man’s Sky

Les critiques de jeux vidéo mentionnent généralement le temps qu’il faut pour compléter un jeu, que ce soit 10 heures, 30 heures ou même 300 heures pour les titres les plus ambitieux. La chose sera toutefois ardue avec No Man’s Sky, dont l’univers virtuel est si grand qu’il faudrait y jouer 24 heures sur 24 pendant plusieurs vies pour en faire le tour. Premières impressions d’un des jeux indépendants les plus innovateurs à ce jour et entretien avec son créateur Shawn Murray.

Un univers créé mathématiquement

Alors que des équipes de centaines d’artistes et de designers conçoivent généralement à la main les moindres recoins des jeux vidéo, No Man’s Sky du studio britannique Hello Games est un jeu créé d’une façon procédurale par une toute petite équipe, dirigée par le programmeur Shawn Murray.

Le cofondateur du studio ne fait pas que diriger son équipe, il programme et conçoit également les formules mathématiques qui permettent au jeu de générer des milliards de planètes uniques (18 trillions pour être exact), chacune avec ses propres paysages, sa propre faune et sa propre flore.

« Honnêtement, je préfère parler du jeu lui-même que de la technologie derrière », avoue candidement Shawn Murray en entrevue. Difficile toutefois d’oublier la technique lorsqu’on réalise l’étendue du jeu, et encore plus considérant qu’il a été créé par une équipe de quatre personnes seulement au début (ils sont aujourd’hui 19 à travailler sur No Man’s Sky).

Ici, tout est généré mathématiquement. Des artistes conçoivent (mathématiquement) des pièces de casse-tête, et un algorithme transforme ces pièces en créatures uniques : un gros dinosaure avec de petites ailes bleues, une petite bête verte avec des pics rouges et des yeux globuleux. Le terrain peut être montagneux, désertique, froid ou chaud. Une planète peut compter surtout des îles, et la vie peut y être concentrée sous l’eau. En 18 trillions de planètes, tout y passe.

Même la musique et les environnements sonores sont générés automatiquement.

Est-ce là le futur des jeux vidéo, se demandent souvent les gens après avoir vu No Man’s Sky? Pas forcément. Mais pour Shawn Murray, il est certain qu’une technologie du genre pourrait dans l’avenir avoir ses avantages. « Ça pourrait permettre à des studios indépendants de créer de grands mondes avec de petites équipes, et ainsi d’être beaucoup plus innovants qu’en ayant des centaines de personnes à gérer », croit-il.

L’exploration au cœur du jeu

Il y a beaucoup de planètes dans No Man’s Sky, mais que fait-on exactement dans cet immense univers?

Le titre est à la fois un jeu de rôle, puisqu’il est possible d’améliorer les caractéristiques de son personnage, ses armes, ses technologies et son vaisseau spatial. On peut trouver des objets, les échanger, les acheter et même les créer, si on obtient la recette. No Man’s Sky est aussi un jeu de survie, notamment dans les planètes froides où notre équipement ne peut nous protéger qu’un certain temps.

Le jeu est toutefois surtout axé sur l’exploration et la récolte de ressources.

« Les joueurs commencent sur une planète unique, vers l’extérieur de l’univers, et on prévoit que la plupart se dirigeront graduellement vers le centre de l’univers, où les conditions sont plus difficiles à mesure qu’on avance et où se trouvent les plus gros vaisseaux et les meilleures armes », explique Shawn Murray.

Pour passer d’un système solaire à un autre, les joueurs devront toutefois découvrir de nouvelles technologiques qui leur permettront de se déplacer sur une plus grande échelle.

Chaque planète qu’explore le joueur est géante. Le but n’est toutefois pas d’explorer une planète de fond en comble pendant plusieurs semaines, mais plutôt de passer d’une à l’autre rapidement, afin de découvrir de nouveaux biomes et de nouvelles civilisations. « C’est un peu fâchant lorsqu’on voit un joueur explorer une planète pendant une heure », avoue le programmeur. « On a créé tout un univers, ce serait décevant si les joueurs ne l’exploraient pas! »

L’équipe s’est d’ailleurs volontairement empêchée de créer de la variété à l’intérieur d’un même monde, afin d’encourager un comportement plus près d’un explorateur spatial que d’un Christophe Colomb. « Il serait facile par exemple créer des pôles plus froids et un équateur plus chaud. Mais ce n’est pas ce qu’on veut. On veut que les joueurs arrivent sur une planète, explorent un peu, prennent une photo et repartent ailleurs », explique-t-il.

En plus d’amasser des ressources et des technologies en découvrant des caches et en extrayant du minerai, les joueurs pourront aussi visiter sur les planètes des édifices habités par différentes civilisations extraterrestres. Quelques mécanismes permettent d’apprendre leur langue à mesure que le jeu avance (notamment en étudiant de grands monolithes que l’on découvre un peu partout), ce qui permet de faire du commerce, d’interagir avec les personnages ou encore d’apprendre comment créer des objets dans leurs usines (pour ensuite en faire et en revendre).

« Je ne veux surtout pas que personne n’apprenne ces langues dans la vraie vie », prévient toutefois Shawn Murray en riant, ajoutant qu’il a déjà lui-même tenté d’apprendre le Klingon de Star Trek lorsqu’il était plus jeune.

Même si la trame narrative de No Man’s Land devrait être minimale, il y aura bien une sorte de fin à l’aventure, alors qu’un objectif encore inconnu sera donné aux joueurs qui atteignent le centre de l’univers. Selon Shawn Murray, un mécanisme du genre pour permettre de donner l’impression au joueur qu’il a complété le jeu ne serait toutefois pas aussi important qu’on le pense.

« Oui, il y a des gens qui sont poussés par cette envie de compléter les jeux, mais je soupçonne que c’est moins fréquent que ce que l’industrie croit », médite le programmeur. Pour ce dernier, si les joueurs complètent par exemple à répétition les aventures de Mario Bros, ce n’est pas pour savoir si le plombier moustachu va réussir à sauver la princesse ou non, mais simplement parce que le jeu est amusant.

C’est l’objectif visé avec No Man’s Sky. Un jeu auquel on joue non pas pour accomplir un objectif défini, mais parce qu’on s’amuse en explorant le monde.

Premières impressions après 30 minutes de jeu

Est-ce réussi? Mes 30 premières minutes de jeu, dans une présentation réservée aux médias, semblent indiquer que oui.

Cette demi-heure pendant laquelle j’ai exploré deux mondes et une station spatiale a semblé passer en 10 minutes. Quand on m’a enlevé le contrôleur des mains (ou presque), j’avais envie de continuer à améliorer mon personnage, de visiter les autres planètes de la région, de trouver des caves souterraines et de mettre la main sur un système de propulsion pouvant me permettre d’explorer moi-même les systèmes solaires environnants.

Autre point amusant, il est possible de nommer les espèces animales que l’on découvre pour la première fois. Selon Hello Games, la chose devrait être fréquente. Les autres joueurs qui visiteront votre planète par la suite (s’il y en a) verront comment vous avez nommé la flore et la faune.

« Ça brise un peu le quatrième mur, mais c’est souvent très drôle de voir les noms choisis par les autres », estime Shawn Murray. Évidemment, un système de filtres sera mis en place pour s’assurer que les bêtes aux formes phalliques ne soient pas nommées trop vulgairement, par exemple.

Il est bon de noter que même si tous les joueurs de No Man’s Land se promènent dans le même univers, le titre n’est pas un jeu multijoueur. Il est donc possible de partager ses coordonnées avec un ami, qui pourra, avec beaucoup de chance s’il est proche, se rendre sur votre planète. Un système permettra de laisser des messages aux autres, mais vous ne pourrez pas voir leur avatar, ou explorer le monde à deux.

J’ai tout de même l’impression qu’une communauté pourrait se développer autour de No Man’s Sky. Que des gens pourraient se donner l’objectif de visiter un monde farfelu découvert par un animateur sur Twitch, quitte à devoir passer plusieurs semaines à traverser l’univers au grand complet.

Je ne serais pas non plus étonné si No Man’s Sky devenait le jeu avec le plus grand taux de captures d’écran et de partages par joueur à ce jour. Car contrairement aux autres jeux où tout le monde vit la même expérience, chaque aventure ici est unique, et vous découvrirez des endroits où personne d’autre n’aura jamais mis les pieds.

Avant de jouer à No Man’s Sky, je savais que la technique derrière le titre était impressionnante, surtout pour un jeu indépendant, mais je ne savais pas si le titre serait amusant à jouer. Mes premières impressions sont finalement plutôt positives. Oui, je m’imagine avoir le goût d’explorer et d’améliorer mon personnage.

Reste maintenant à voir si cette envie durera 5 ou 50 heures.

No Man’s Sky sera lancé sur PC et PlayStation 4 le 21 juin prochain.

Voici ma présentation vidéo de No Man’s Sky:

Articles récents du même sujet

Exit mobile version