CHRONIQUE – En septembre dernier, l’organisation du Canadiens de Montréal décidait d’inclure désormais, avant la présentation de ses matchs, une déclaration de reconnaissance territoriale Mohawk, ce qui avait choqué les Réjean Tremblay de ce monde. Il s’agit pourtant d’un très bon pas dans la bonne direction pour la réconciliation.
Mais voilà que samedi passé, au Centre Bell, l’organisation du CH nous a de nouveau montré l’exemple de ce que signifie être l’alliée des Autochtones.
En effet, la victoire du tricolore contre les Maple Leafs de Toronto s’est jouée sur le thème d’une «Célébration des Peuples Autochtones», une soirée spéciale organisée pour souligner les peuples des Premières Nations… et on peut dire que le Canadiens y est allé à fond, pas juste sur la glace!
Pour commencer la soirée, l’hymne national a été chanté en français, en anglais et en cri-eeyou par Pakesso Mukash, un chanteur cri-eeyou. Il s’agit d’une belle forme de célébration des langues autochtones et, si vous avez eu la chance de lire quelques-uns de mes articles, vous saurez que la langue est pour moi un vecteur important de la reconnaissance et de la réconciliation avec les Peuples Autochtones.
J’ai beau ne pas avoir compris un mot de l’extrait en cri-eeyou, ça m’a quand même fait chaud au cœur d’entendre cette langue autochtone chantée devant des milliers de personnes.
Cela sans oublier que le joueur autochtone le plus connu de la LNH, Carey Price, a été mis à l’honneur avec un petit discours d’avant-match. Carey, qui est originaire d’Anahim Lake, en Colombie-Britannique, est membre de la Première Nation Ulkatcho.
Deuxième belle façon de nous célébrer, les chefs de plusieurs Nations autochtones du Québec, ainsi que Ghislain Picard, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), étaient présents comme invités d’honneur.
Non seulement il s’agit d’une marque de respect que d’inviter nos chefs, mais c’est également une grande marque de reconnaissance envers toutes les différentes communautés représentées. Trop souvent, les gens ont tendance à croire que les Autochtones forment un mélange homogène, alors qu’au contraire, chaque Nation a ses particularités, sa culture et ses traditions.
Mais ce n’était pas tout, les joueurs du CH portaient un chandail orange avec un logo du Canadien modifié: un wampum traversait en effet le logo. Le wampum est une forme de ceinture perlée sacrée autochtone qu’on donnait lors des échanges diplomatiques ou lors des cérémonies qui formaient des alliances entre les Nations. De voir le logo du Canadiens ainsi transformé revêt une signification importante d’alliance avec l’organisation du Canadiens.
Je répète souvent que, pour atteindre le «troisième R» de la Réconciliation, il faut d’abord avoir les deux premiers «R», c’est-à-dire le Respect/Reconnaissance et la Réparation… Eh bien, samedi soir, l’organisation du Canadiens a frappé dans le mille!
Car les chandails orange portés par les joueurs lors de la séance d’échauffement ont été vendus aux enchères pour des milliers de dollars et tout l’argent amassé sera versé à la Fondation Nouveaux Sentiers, qui a pour mission d’aider les jeunes issus des Premières Nations… un geste de réparation qui s’accompagne de reconnaissance et qui devrait servir de modèle pour tous ceux qui aspirent à une véritable réconciliation.
Tout ça pour dire qu’on peut peut-être être sceptique face aux compagnies privées qui font la promotion de causes sociales, car souvent ce n’est qu’un écran de fumée qui sert à vendre son produit, mais le Canadiens, qui n’a d’ailleurs même pas besoin de cette forme de publicité pour vendre des billets, démontre exactement comment on doit faire.
Moi qui suis un grand fan du CH à la base, je suis évidemment bien content de voir que mon équipe de hockey est en plus un exemple pour les autres en matière d’inclusivité et de respect.
Je suis fier d’être un fan de cette équipe!
Wli Habs Wli
Kchi Wliwni (Merci beaucoup)