MONTRÉAL — Nico Hischier n’est pas du genre à se laisser intimider par les défis. Quitter son petit village de Naters, en Suisse, à l’âge de 17 ans pour aboutir de l’autre côté de l’Atlantique, au sein des Mooseheads de Halifax, n’était donc pour lui qu’une autre étape à franchir dans la poursuite de son rêve.
Il faut dire qu’il en avait déjà l’habitude. À 15 ans, il a quitté le nid familial et pris la route de Berne, à une centaine de kilomètres de chez lui, pour intégrer le réseau de développement du SC Berne, une équipe de la Ligue nationale A. Tout cela avec un seul objectif en tête: atteindre un jour la Ligue nationale de hockey.
«C’était assez difficile à cette époque, s’est rappelé Hischier en entrevue avec La Presse canadienne. Les premiers mois ont été ardus, mais je me suis habitué et j’étais à l’aise à Berne. Maintenant, c’est encore plus différent parce que je suis dans un autre pays. Ce n’est pas dur, mais je serais content de voir ma famille plus souvent.»
Après avoir terminé la dernière campagne en affrontant des joueurs parfois deux fois plus âgés que lui dans la Ligue nationale A, Hischier s’est retrouvé devant un choix déchirant à l’aube de son année d’admissibilité au repêchage de la LNH. Il devait choisir entre Berne et les Mooseheads, l’équipe qui l’avait sélectionné au sixième rang lors du repêchage européen de la Ligue canadienne de hockey.
Charmé par les dirigeants de l’organisation canadienne et par les bons mots de son compatriote et ami Timo Meier, qui a évolué pendant trois saisons à Halifax, Hischier a fait ses bagages dans l’espoir d’attirer davantage l’attention des recruteurs nord-américains.
Trois mois plus tard, le joueur de centre trône au sommet du classement des marqueurs chez les recrues du circuit Courteau avec une récolte de 20 points, dont huit buts, en 16 matchs.
Et le sympathique jeune homme semble se plaire à jouer sous les ordres d’André Tourigny, un entraîneur d’expérience qui a l’habitude avec les joueurs suisses. L’ancien entraîneur adjoint de l’Avalanche du Colorado et des Sénateurs d’Ottawa a notamment dirigé Sven Andrighetto avec les Huskies de Rouyn-Noranda.
«Ce sont des joueurs qui sont faciles à diriger, a expliqué Tourigny. À la base, un Européen qui prend l’initiative de venir jouer au Canada pour se développer a du sérieux dans son approche et dans sa façon de travailler. Ce sont des gars qui sont vraiment dédiés et qui veulent avoir une carrière de joueur de hockey.»
Aux dires de son entraîneur, Hischier a dû essuyer quelques mises en échec au centre de la patinoire au cours de son apprentissage du style de jeu nord-américain, mais force est d’admettre que son adaptation s’est somme toute bien déroulée.
Le McDavid suisse?
Si les performances du patineur de six pieds un pouce et 176 livres lui permettent lentement d’être découvert par le public nord-américain, il en va tout autrement dans son pays. Certains le surnomment le Connor McDavid suisse tandis que d’autres prédisent déjà qu’il sera le meilleur joueur de l’histoire du pays.
«Je n’aime pas me comparer, a simplement répondu le principal intéressé. C’est ce qu’ils disent, mais je n’y pense pas.»
«Nico est un gars très humble. Je n’ai pas vraiment de souci à savoir s’il va garder les pieds sur terre, a pour sa part analysé Tourigny. Ce n’est pas inquiétant du tout. Ce qui est important, c’est de gérer les attentes pour ne pas qu’elles soient démesurées.»
Les amateurs suisses ne sont pourtant pas les seuls à avoir remarqué le talent du jeune attaquant. À peine quelques semaines après le début de la saison, Hischier a été répertorié comme étant un potentiel espoir de première ronde par la Centrale de recrutement de la LNH.
Cette nouvelle a à peine attiré l’attention du no 13 des Mooseheads, qui affirme ne pas regarder les classements du genre, mais elle a fourni davantage d’arguments à son entraîneur.
«Il a tous les outils, a lancé Tourigny d’un ton convaincu. Je serai excessivement abasourdi si Nico Hischier ne connaît pas une longue carrière dans la Ligue nationale.»