Homme d’affaires craint et admiré, Bernie Ecclestone règne d’une main de fer sur son domaine : la Formule 1.
Le documentaire Ecclestone, la formule du pouvoir, produit au Québec et disponible dès maintenant en DVD, brosse le portrait de celui à qui on doit la F1 moderne. Un homme dont personne ne veut – ou n’ose – dire du mal.
«Je m’attendais à ce que certains des intervenants l’attaquent, mais personne ne l’a fait, explique le réalisateur du film, Mathieu Roy, en entrevue avec Métro. Il est comme le parrain de la F1, personne ne parle contre lui, car il a enrichi tout le monde. Et tout le monde a aussi peur de lui. C’est quelqu’un qui a un pouvoir immense et qui peut mettre fin à la carrière d’un pilote ou d’un propriétaire d’écurie en claquant des doigts.»
En 52 minutes, Mathieu Roy relate la progression d’Ecclestone. Le cinéaste avoue même que sa perception de l’homme le plus puissant du monde de la course automobile a changé pendant la réalisation de son film. «Je le voyais comme quelqu’un d’impitoyable qui n’allait pas s’émouvoir que Montréal ait une belle histoire de Grand Prix. Si quelqu’un lui offre plus d’argent, il va aller ailleurs. Ce qui est vrai. Ceci étant dit, il a une drive incroyable, une vision et un grand talent de négociateur. C’est difficile de ne pas l’admirer pour cela.»
Christian Tortora, qui couvre la F1 depuis de nombreuses années, est celui qui a eu l’idée de faire ce documentaire. Il est un des principaux intervenants dans le film. Normal, puisqu’il a été un témoin privilégié du parcours d’Ecclestone depuis que ce dernier a acheté l’écurie Brabham en 1971. «Avant qu’Ecclestone n’arrive, la F1 était un peu broche à foin», affirme-t-il.
Le Britannique s’est en effet assuré que les écuries participent à la saison entière, même si le championnat était déjà joué. Il a aussi obtenu tous les droits commerciaux de la F1 et a su se servir à merveille de la télévision et des commandites. On lui doit également le côté glamour des courses. «Bien sûr, il ne plaît pas à tout le monde, car c’est presque un dictateur», ajoute Tortora.
Maintenant, Ecclestone a une fortune personnelle estimée à 2,8 G$, selon le magazine Forbes. Dans le documentaire, on apprend que la F1 a généré des revenus de 1,5 G$ seulement en 2010. À 81 ans, Ecclestone a toujours la mainmise sur la F1 et personne ne se bouscule pour lui voler sa place.
Le mythe
Une aura flotte autour de Bernie Ecclestone. D’ailleurs, le principal intéressé aime bien entretenir son mythe.
La rumeur voulant qu’il ait été le cerveau du fameux braquage du train postal Glasgow-Londres, en août 1963, en est un bon exemple. Ecclestone n’a jamais démenti son implication dans ce vol d’environ 3 millions de livres, une somme immense à l’époque. Il s’amuse même à laisser planer le doute sur ce moment de sa vie pour lequel on a très peu de renseignements à son sujet.
«Il a un train dans son bureau. Beaucoup soupçonne qu’il a peut-être été impliqué dans ce hold-up, surtout qu’il est un ami de l’un de ceux qui ont été arrêtés, explique le journaliste Christian Tortora. Même s’il n’y a pas participé, ça le flatte que les gens pensent qu’il aurait pu être le cerveau de l’affaire.»
