L’éternel débat sur la laïcité versus la liberté de conscience occulte souvent les conséquences tragiques de cette joute sur la vie d’honnêtes citoyens.
Or, les témoignages ne manquent pas pour saisir comment certaines majorités se murent derrière leurs croyances au point de détruire les vies de leurs concitoyens, les minorités religieuses.
Fin juillet dernier, l’écrivain et activiste égyptien reconnu mondialement par son œuvre majeure «L’Immeuble Yacoubian» a dédié sa tribune de la section arabe du Deutsche Welle (DW), le service international de cette chaîne allemande d’information en continu, à un lecteur Suédois de confession musulmane.
Ce billet est une diatribe contre ce que son auteur a qualifié de tragédie vécue par les musulmans en Suède.
Tout en reconnaissant que les hauts responsables suédois défendent à la télévision la tolérance religieuse et l’égalité des citoyens devant la loi, indépendamment de leurs religions, l’auteur de cette tribune a déploré que cette défense ne soit que mensonge, car dans la vraie vie, les musulmans suédois subissent une réelle oppression menée par des chrétiens radicaux.
Tout est passé dans cette missive, des tracasseries administratives pour interdire la construction de mosquées, en passant par les insultes et propos haineux subits par les musulmans au quotidien en Suède, jusqu’aux agressions.
Le pire était atteint le jour où ce Suédois de confession musulmane a invité récemment chez lui des amis au repas du midi. D’après son témoignage, ce jour-là, ses convives et lui ont prié ensemble dans son jardin. Ils ont alors eu droit à une manifestation des voisins avec insultes et jet de pierres, de cocktails Molotov et d’une bombonne de gaz. Cette émeute s’est soldée par un feu qui a détruit complètement sa maison et fait des blessés sans que la police sévisse. Cette lettre ouverte pointe ainsi du doigt la complicité de l’État suédois.
Après avoir terminé la lecture de cette critique acerbe, je me suis aventuré dans sa section «commentaires». Une seule note courte, mais ciselée l’ornait. Son artisan a invité l’auteur de la complainte à remplacer dans sa diatribe les mots «Suède» par «Égypte», «musulmans» par «Coptes», «chrétiens» par «musulmans» et «mosquée» par «église» pour ainsi mesurer le même sort imposé par des musulmans à des Coptes en Égypte!
Dans la vie, si tout un chacun ne voit que les malheurs que lui cause l’autre sans se mettre dans la peau d’autrui pour mesurer le tort que lui aussi est capable de le leur infliger, notre monde ne changera jamais.