Le débat sur le voile est régulièrement à la une. Or, souvent, ce sont les politiques et les «experts» qui s’expriment publiquement à ce sujet. Rarement les musulmanes. Au cœur de nos différences, une émission de la chaîne française LCI, a récemment donné la parole à six Françaises musulmanes et engagées. On y découvre ainsi des femmes qui font voler en éclats les préjugés.
Sarah Zouak est réalisatrice et fondatrice de l’association Lallab. Cette jeune musulmane féministe qui ne porte pas le voile tourne actuellement le documentaire Women Sense Tour, un voyage dans cinq pays musulmans pour aller à la rencontre de 25 musulmanes actrices du changement qui allient sereinement leur foi et leur engagement pour les droits des femmes.
Inès Safi est chercheuse au CNRS. Les travaux de cette polytechnicienne musulmane qui ne porte pas le voile sont reconnus mondialement. Elle prend la parole pour défendre l’islam contre un regard orientaliste réducteur qui masque son héritage spirituel civilisationnel, notamment l’existence, à travers 14 siècles, de musulmanes érudites, savantes, scientifiques, poétesses, artistes, etc.
Nadia Remadna a fondé la Brigade des mères pour lutter contre la radicalisation des banlieues. Cette musulmane qui ne porte pas le voile est l’auteure de Comment j’ai sauvé mon enfant, un livre qui milite pour une vie sociale normale dans les banlieues et qui dénonce l’emprise des religieux dans les quartiers, les écoles et même les mairies.
Nadia El-Bouga est une des rares sexologues musulmanes de France. Elle anime aussi une émission ouverte aux auditeurs de la radio Beur FM pour promouvoir l’éducation à la sexualité et à l’affectivité. Cette dame qui porte le voile aborde avec conviction et sans tabous tous les sujets: éjaculation précoce, masturbation, manque de désir féminin et masculin, etc.
Samia Orosemane est humoriste. Dans son spectacle, cette artiste qui porte le voile malmène les clichés et fait voler en éclats les communautarismes tout en dénonçant le terrorisme. Dans son engagement pour déconstruire les préjugés qui collent aux musulmanes, elle cite Boris Vian, qui a dit que «l’humour, c’est la politesse du désespoir».
Latifa Ibn Ziaten a fondé Imad, une association à la mémoire de son fils militaire qui a été victime du terrorisme en 2012. Cette mère de famille qui porte le voile sillonne la France pour lutter contre la radicalisation des jeunes et les dissuader de partir pour la Syrie. Son combat a inspiré le documentaire Latifa, le cœur au combat.
Comme ces six musulmanes inspirantes, le monde regorge de musulmanes engagées qui ont décidé de se réapproprier leur récit pour lutter contre des médias et des politiques qui ont fait d’elles des femmes soumises, opprimées et sans libre arbitre. Tout en montrant du doigt les doctrines et les attitudes misogynes qui gangrènent les sociétés musulmanes, elles appellent de plus en plus à une lecture réformiste du message de l’islam, qu’elles croient libérateur et émancipateur. Tout commence par les femmes!