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La nausée

Allégations, perquisitions et révélations ont marqué la semaine. Pour les citoyens, le remède peut avoir des effets secondaires. Il provoque un haut-le-cœur. Mais comme vous dirait un médecin, c’est un passage obligé pour nettoyer le système.

Si on a souvent l’impression de tourner en rond, cette fois, on avance. Avec le témoignage d’un fonctionnaire corrompu, la Commission Charbonneau occupe toute la place. Après différentes interventions de l’Unité permanente anticorruption, un des acteurs mythiques du monde
municipal québécois décide de faire une pause.

Le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, n’en est pas à sa première crise. Les rumeurs ont couru, des reportages ont été publiés sans pour autant faire pâlir son étoile. Digne d’un prestidigitateur, il a passé à travers les différentes tourmentes, se faisant réélire à chaque rendez-vous électoral. En 2009, il a recueilli 61,9 % des voix.

Cette fois, une étape de plus a été franchie avec des saisies dans ses coffres de banque personnels. Cela semble être venu à bout du téflon qui recouvrait l’homme. Il a décidé de se retirer de ses fonctions temporairement. Il a perdu la source de sa magie : la confiance des Lavallois. Elle n’est plus au rendez-vous.

Le sondage CROP-La Presse publié en début de semaine était clair. Quel que 68 % des citoyens considèrent les récentes allégations de corruption contre Gilles Vaillancourt comme fondées.

Parallèlement, les travaux de la Commission Charbonneau avancent. Ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Déjà, on a la nausée. Les allégations de Lino Zambito ont dressé le portrait. Elles ont trouvé un écho dans le témoignage du fonctionnaire Gilles Surprenant. L’ampleur de la corruption est titanesque. Si on compte,
20 %, 25 %, 30 % de prime à la collusion, on comprend que nos infrastructures soient en décrépitude. La marge de manœuvre de nos finances publiques est réduite par la fraude.

À voir comment la commission se déroule, on peut déjà prévoir que d’autres témoins viendront corroborer et approfondir notre compréhension des stratagèmes. Encore bien des semaines de misère éclairante où on devra entendre des témoins tenter de faire porter la faute au système. C’est d’ailleurs le cas de M. Surprenant, qui affirme maladroitement que ce n’était pas le rôle d’un simple fonctionnaire d’alerter la police…

Il ne faut pas croire qu’une potion magique viendra à bout de l’appât du gain de l’être humain. Car c’est ça, le nœud de l’affaire. On sait déjà que personne n’a eu le courage de tirer la sonnette d’alarme. Au contraire, il semble que chacun ait voulu en tirer profit. C’est ce qui fait le plus mal.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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