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Ce n’est pas pour aujourd’hui

Ce n’est pas aujourd’hui et probablement pas demain qu’on trouvera la clé de voûte des relations harmonieuses avec les nations autochtones. Ce n’est pas parce que le premier ministre du Canada rencontre le chef des Premières Nations et sa délégation que la confiance mutuelle régnera instantanément. Au contraire, trouver l’équilibre d’une réelle cohabitation respectueuse prendra du temps.

L’expérience le prouve : il faut plus qu’un événement pour tisser des liens durables. La rencontre tenue en grande pompe le 24 janvier l’an dernier devait être le début d’un dialogue. Pourtant, le projet de loi C-45, surnommé  projet de loi Mammouth, a fait déborder le vase. Certains articles du projet de loi venaient modifier des éléments comme la protection des eaux navigables et la façon de déterminer l’utilisation des terres des réserves. Mais plus fondamentalement, c’est l’approche du gouvernement qui a donné naissance à Idle No More. Ce mouvement de contestation, mené par quatre femmes de la Saskatchewan, trouve des échos partout dans le monde. Les autochtones demandent à être consultés lorsque des lois les concernant sont modifiées.

L’histoire récente a tout de même permis des percées significatives. En 2005, le gouvernement fédéral de Paul Martin et les provinces ont signé une série d’ententes regroupées dans l’Accord de Kelowna. Sans être parfait, le fruit de 18 mois de négociations avait mené à une vision commune sur différents thèmes, dont l’éducation, l’emploi et les conditions de vie, mais au-delà du contenu, le processus de consultation avait représenté une percée dans la coopération entre les parties.

S’il y a bien eu des avancées, le fossé sur le plan des perceptions reste profond. Lors de son intervention annonçant la rencontre d’aujourd’hui, Stephen Harper a parlé du besoin de poursuivre le dialogue. On doit ajouter que cet échange doit se faire dans une perspective à long terme. On ne peut constamment agir sous le poids de l’urgence.

Le dossier n’est pas simple. Il puise ses racines très loin dans l’histoire, et personne ne s’attend à des solutions magiques. Toutefois, en rejetant Kelowna en 2006, les conservateurs se sont imposé l’obligation de trouver une autre voie. Le dialogue n’est pas facile, car, de part et d’autre, il y a un fossé sur les plans de la perception et de la compréhension. De plus, les nations autochtones ne parlent pas d’une seule voix. Comme dans toutes les populations, différents courants de pensée veulent se faire entendre. Certains sont plus traditionalistes, d’autres le sont moins, mais tous semblent chercher le pont entre l’héritage et la modernité. Le gouvernement fédéral a un rôle essentiel à jouer, et au-delà des rencontres et des paroles, il importe de trouver le trait d’union.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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