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Piste cyclable controversée

Des résidents et des commerçants verdunois réclament un moratoire sur le projet-pilote de bandes cyclables sur la rue de Verdun pour permettre une étude d’impacts.

Le projet-pilote d’aménagement de deux bandes cyclables sur la rue de Verdun polarise le voisinage. Les cases de stationnement en moins suscitent la grogne des résidents et des commerçants qui demandent un moratoire pour permettre une étude d’impacts. D’autres voient au contraire que le projet donnera aux cyclistes un meilleur accès aux boutiques locales.

«On dirait de l’improvisation. L’arrondissement devrait faire une étude d’impact et cesser de se fier aux opinions. On nous a présenté la belle partie du projet, pas ses conséquences. On se fait avoir», soutient l’homme d’affaires Pierre Champeau.

Malgré les visites de quartier des élus en avril, les prospectus distribués et une rencontre d’information à laquelle le propriétaire de Tapis Champeau a assisté, plusieurs se sentent bousculés.

C’est le cas d’Ève Sabourin, instigatrice d’une pétition de 182 signatures. Elle juge que la consultation a été inadéquate.

«On est surpris, dit-elle. On n’a même jamais vu la proposition de projet apparemment affichée, il y a deux ans. C’est ça une discussion ouverte?»

Le stationnement sera permis seulement sur le côté impair. Les résidents craignent le refoulement dans les rues transversales avec des automobilistes qui cherchent à se garer, une augmentation de la circulation dans les ruelles où les enfants jouent et l’imposition de vignettes payantes.

L’arrondissement assure que du stationnement de courte durée sera réservé le jour, près des rues transversales. En zone résidentielle, l’arrondissement instaurera un système de vignettes. C’est cher payé selon les mécontents, d’autant qu’ils jugent les liens cyclables déjà en place suffisants pour répondre aux besoins.

Projet-pilote

Le projet serait un test sur deux étés, soit cette année jusqu’en octobre, puis de mai à octobre en 2020. La balance du temps, notamment l’hiver, le stationnement serait de nouveau disponible.

«Je paie 17 000 $ de taxes pour mon local. Ça me prend de l’achalandage, s’inquiète M. Champeau. Je mise sur la belle saison pour attirer les clients en magasin. Imaginez l’impact si les clients ne viennent plus à cause du stationnement», s’indigne Pierre Champeau.

Josée Denis, coiffeuse au Salon DJ Coiffeur, va plus loin.

«On dirait que Verdun veut fermer les boutiques de la rue de Verdun pour centraliser l’activité commerciale sur la rue Wellington. Si ça arrive, l’arrondissement va-t-il rembourser les commerçants», questionne-t-elle.

Les locaux n’ont rien contre la visée du projet, qu’ils devinent être de réduire l’utilisation de l’automobile, d’augmenter les déplacements actifs et le transport collectif, tel que stipule le Plan local développement (PLD).

Bémol

Paul-Antoine, gérant de Cycles Campus Verdun, sur Wellington met un bémol sur les protestations. Il voudrait connaître l’achalandage réel sur De Verdun, tous véhicules confondus.

«La personne en auto qui n’aime pas chercher du stationnement, ne magasine pas sur de Verdun, selon lui. Les déplacements à vélo règlent tout. J’y vois du positif pour les commerçants. Elle est aussi là, leur clientèle».

Maxime Pelletier-Huot, un résident de Verdun utilisateur occasionnel des liens cyclables, pense quant à lui «vert».

«Je ne comprends pas la grogne contre cette piste cyclable, a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. À Montréal, on parle de 69 % d’augmentation des déplacements à vélo en 10 ans [de 2003-2013]. La construction de la piste reflète cette réalité. Côté environnement, ça va apporter énormément de bien pour quelques sacrifices dans l’immédiat.»

Le marquage du tronçon de la piste entre les rues Godin et Henri-Duhamel doit débuter au cours des prochains jours.

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