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Ottawa annonce l’interdiction de 1500 modèles d’armes à feu de type militaire

Justin Trudeau

Justin Trudeau

Catherine Lévesque - La Presse canadienne

OTTAWA — Le Canada bannit pas moins de 1500 modèles d’armes d’assaut de type militaire. La décision, annoncée vendredi par voie réglementaire, entre en vigueur immédiatement.

«Donc, à partir de maintenant, il n’est plus permis de vendre, d’acheter, de transporter, d’importer ou d’utiliser des armes d’assaut de type militaire au Canada», a déclaré le premier ministre Justin Trudeau, qui était de passage au parlement canadien pour l’annonce.

Parmi les modèles prohibés, on retrouve l’AR-15, ayant servi à perpétrer des tueries de masse aux États-Unis, ainsi que le Ruger Mini-14, utilisé dans le drame de l’École Polytechnique en 1989.

«Ces armes n’ont été conçues qu’à une seule et unique fin: tuer le plus grand nombre de personnes le plus rapidement possible. Elles n’ont aucune utilité et elles n’ont pas leur place au Canada», a affirmé M. Trudeau.

«À travers le pays, beaucoup de gens utilisent des armes à feu de façon légale et responsable, que ce soit pour travailler ou pour chasser. Mais vous n’avez pas besoin d’un AR-15 pour abattre un cerf», a-t-il ajouté.

Une période d’amnistie de deux ans sera cependant accordée aux personnes qui possèdent ces types d’armes afin qu’elles se conforment à cette nouvelle réglementation.

Le gouvernement fédéral prévoit par la suite déposer une loi pour un programme de rachat pour les propriétaires d’armes d’assaut de type militaire. Mais il n’est pas encore clair s’il sera obligatoire ou non.

Des hauts fonctionnaires du gouvernement ont confirmé, lors d’une séance d’information technique vendredi après-midi, que les propriétaires pourraient bénéficier d’une clause de droits acquis sur leur arme.

Le département de relations avec les médias de Sécurité publique Canada a ensuite envoyé une «précision», plusieurs heures plus tard, pour tenter de calmer le jeu.

«Nous nous penchons sur différentes options et nous travaillerons avec les provinces et les territoires afin de prendre la bonne décision pour les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi», écrit-on.

Nathalie Provost, porte-parole de PolySeSouvient, estime qu’un programme de rachat non obligatoire serait une «déception» pour les militants qui réclament un meilleur contrôle des armes à feu depuis 30 ans.

«Cela pourrait signifier que les dizaines de milliers d’armes d’assaut resteront entre les mains de leurs propriétaires actuels, pendant des générations», déplore Mme Provost.

Cette annonce du gouvernement fédéral survient moins de deux semaines après la fusillade la plus meurtrière de l’histoire du Canada. Un tireur en liberté a fait 22 morts et de nombreux blessés en Nouvelle-Écosse.

Réagissant à l’annonce, l’opposition conservatrice a accusé M. Trudeau d’utiliser cette tragédie pour «promouvoir l’ordre du jour idéologique des libéraux» et de renier le rôle du Parlement.

Le chef Andrew Scheer juge que les mesures annoncées vendredi n’auraient rien changé à la situation du tireur en Nouvelle-Écosse, puisque toutes ses armes à feu étaient illégales.

«Le fait est que la grande majorité des crimes armés sont commis avec des armes à feu obtenues illégalement. Rien de ce que les libéraux de Trudeau ont annoncé ne répond à ce problème», déplore M. Scheer.

Peter MacKay et Erin O’Toole, qui espèrent succéder à M. Scheer, ont eux aussi manifesté leur désapprobation. Ils ont tous deux promis d’annuler ces interdictions s’ils deviennent premier ministre.

M. Trudeau, qui a fait de cet enjeu une promesse de campagne l’automne dernier, s’est pour sa part défendu de vouloir jouer à des jeux politiques alors que les Canadiens ont la tête ailleurs.

«Même pendant cette période de pandémie, même quand (…) l’économie est au ralenti ou même arrêtée, on a vu l’impact de la violence avec des armes à feu de façon trop tragique il y a juste 12 jours. C’est pour ça que c’est toujours un bon moment d’aller de l’avant pour assurer la sécurité des Canadiens», a-t-il dit.

Catherine Lévesque, La Presse canadienne

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