Le président Donald Trump, qui vient d’annoncer qu’il était atteint de la COVID-19, présente plusieurs facteurs de risque qui pourraient le faire tomber gravement malade: son âge, son surpoids, son taux de cholestérol élevé et le fait qu’il soit de sexe masculin.
M. Trump et la première dame Melania, qui a aussi été infectée, se portent bien actuellement et prévoient rester à la Maison-Blanche pour leur convalescence, où ils seront étroitement surveillés, selon un communiqué du médecin du président, le docteur Sean Conley.
Un responsable de la Maison-Blanche a indiqué vendredi que M. Trump présentait des «symptômes légers».
«Il y a de fortes chances qu’il n’ait qu’une affection légère», comme c’est le cas pour la plupart des personnes atteintes du virus, estime le docteur Gregory Poland, spécialiste des maladies infectieuses à la réputée clinique Mayo, qui ne joue aucun rôle dans les soins de M. Trump.
Mais la COVID-19 est un virus très imprévisible, souligne-t-il. «Nous avons des jeunes qui meurent. Nous avons des patients en maison de retraite et beaucoup d’entre eux s’en sortent plutôt bien.»
Il n’existe encore aucun traitement avéré pour empêcher le virus de se développer chez une personne infectée, mais qui présente peu ou pas de symptômes. Cela inclut l’hydroxychloroquine, un médicament que M. Trump a longtemps promu et qu’il a même pris plus tôt cette année après qu’un membre du personnel de la Maison-Blanche a été déclaré positif au virus.
Voici ce que les experts disent quant à ce qui attend le président américain dans les prochains jours.
Signes et symptômes
L’infection provoque des symptômes légers ou inexistants dans environ 80 % des cas. Environ 15 % des personnes atteintes tombent gravement malades et 5 % se retrouvent dans un état critique.
Les symptômes, lorsqu’ils surviennent, apparaissent généralement de deux à quatorze jours après l’infection. Ils peuvent inclure une perte d’odorat ou de goût, de la toux, un mal de gorge, des difficultés respiratoires, de la fatigue, des courbatures, des maux de tête, des nausées ou des vomissements, de la diarrhée et de la fièvre.
Près de la moitié des patients hospitalisés n’ont pas de fièvre au moment de leur admission, mais presque tous finissent par en avoir. La façon dont les gens subissent les effets du virus varie considérablement — certains semblent se rétablir puis leur état empire soudainement.
Une pneumonie se développe parfois, mais des complications dans pratiquement tous les organes du corps ont été signalées. Les médecins reconnaissent de plus en plus que certaines personnes présentent des symptômes qui durent longtemps après les symptômes initiaux.
Les risques pour M. Trump
Le fait d’être âgé, d’être un homme et d’avoir d’autres problèmes de santé augmente le risque de présenter des complications, et c’est le cas pour Donald Trump.
À 74 ans, «son âge serait le principal facteur de risque», selon le docteur David Banach, médecin spécialiste des maladies infectieuses à l’Université du Connecticut.
Les personnes âgées de 65 à 74 ans sont sept fois plus susceptibles d’être hospitalisées pour la COVID-19 que celles âgées de 18 à 29 ans, selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies. Les risques augmentent de façon exponentielle avec l’âge.
M. Trump est également obèse, avec un indice de masse corporelle qui dépasse 30.
«L’obésité est un état d’immunité abaissée chronique. En d’autres termes, vous ne répondez pas aussi bien aux vaccins, vous ne répondez pas aussi bien aux infections» que les personnes ayant un poids santé, indique le docteur Poland.
M. Trump prend un médicament à base de statine pour réduire son cholestérol, et cette condition augmente également son risque de complications de la COVID-19, affirment les médecins.
Les prochaines étapes
Il n’est pas nécessaire à ce point-ci de procéder à des rayons X pour connaître l’état des poumons de M. Trump, mais les médecins resteront très attentifs à tout éventuelle difficulté à respirer, toux ou autres symptômes, indique le docteur Banach.
Il n’y a encore aucun médicament pour aider les personnes qui présentent peu ou pas de symptômes. Le remdesivir et les stéroïdes ont montré des avantages pour certains patients modérément ou gravement malades.
Néanmoins, le docteur David Boulware, un spécialiste des maladies infectieuses de l’Université du Minnesota qui a mené des études sur certains traitements contre les coronavirus, a formulé l’hypothèse que les médecins du président pourraient essayer des thérapies prometteuses qui font actuellement l’objet d’études, comme des médicaments à base d’anticorps ou du plasma de convalescence — provenant du sang de personnes qui ont contracté la COVID-19 et qui s’en sont remises.
«Il est fort probable qu’il sera traité dès le départ», croit le docteur Boulware. «Ils ne vont pas simplement rester assis et regarder pour voir s’il tombe malade.»
Les risques pour les autres
Donald Trump aurait-il pu infecter son rival démocrate Joe Biden lors du débat de mardi soir?
Possible, mais peu probable, selon les experts. Plus de deux mètres séparaient les candidats. Mais les deux hommes, en particulier M. Trump, ont parlé fort, ce qui, selon les données scientifiques, peut faire voyager les particules virales plus loin, indique le docteur Poland.
M. Biden a annoncé vendredi qu’il avait subi un test et que le résultat était négatif, tout comme pour sa femme Jill.
Le docteur George Abraham, qui dirige le conseil des maladies infectieuses de l’American Board of Internal Medicine, a averti qu’«un test négatif ne garantit pas que quelqu’un n’est pas porteur de virus», car il pourrait y avoir trop peu de particules virales dans l’organisme au début de l’infection pour les détecter.
«C’est un signal d’alerte» qui montre la nécessité de respecter la distanciation sociale, de porter le masque et de suivre les autres mesures pour réduire la propagation, a souligné le docteur Abraham.
Joe Biden a également écrit sur Twitter: «J’espère que cela sert de rappel: portez un masque, gardez une distance sociale et lavez-vous les mains.»
Les nombreuses autres personnes qui ont côtoyé M. Trump dans les 48 dernières heures ayant précédé son diagnostic sont à risque, rappellent les médecins.
«La recherche des contacts va être très importante», a indiqué le docteur Banach. «Le président entre en contact avec de nombreuses personnes au cours d’une journée.»
Marilynn Marchione, The Associated Press