Pauline Marois a décidé de remettre la question nationale à l’avant-plan de son discours politique. Son offensive a débuté par un voyage difficile en Écosse. Devant ses militants, le week-end dernier, elle a développé un nouvel argumentaire pour convaincre les Québécois d’adhérer à son projet. On a également appris que le Conseil des ministres planchait sur sa stratégie de gouvernance souverainiste.
Or, l’appui à la souveraineté s’est déjà mieux porté. Les derniers sondages placent cette option à 37 % d’appuis, en baisse de six points depuis un an. Il est clair que les membres du Parti québécois ont besoin de raviver la flamme. Encore plus quand on sait que seuls 30 % des gens rêvent d’un référendum dans les cinq prochaines années. Cela dit, ça ne justifie pas de sortir des épouvantails, et encore moins de faire allusion à de grands complots.
Go west, young man! Bernard Drainville interprète la réforme de l’assurance-emploi comme un grand complot contre le Québec. Selon lui, les nouvelles politiques du gouvernement conservateur visent à vider les régions du Québec de ses travailleurs pour aller exploiter les sables bitumineux de l’Alberta. On peut être d’accord ou pas avec le projet de la ministre fédérale Finley, mais il ne faut pas exagérer : on est loin du périmètre de 100 km.
Si Mme Marois veut tenter de mobiliser les gens autour du projet de la souveraineté, elle ne doit pas le faire en cassant du sucre sur le dos du fédéral. Ça demeure le cas même s’il est vrai que le gouvernement fédéral mérite régulièrement les critiques des élus québécois. On ne construit pas un pays avec des arguments essentiellement négatifs.
S’il veut réussir, le PQ doit être à même de développer un argumentaire qui puisse à la fois satisfaire les nationalistes modérés, les pressés, les logiques et les émotifs. Il lui faut inventer une culture de l’addition. Or, on est loin de cet objectif.
L’attitude du président du parti, Raymond Archambault, témoigne d’un malaise profond. En excluant toute forme de dialogue avec Québec solidaire de Françoise David et Option nationale de Jean-Martin Aussant, le Parti québécois se comporte comme s’il était le seul propriétaire de l’idée de souveraineté. L’histoire nous enseigne pourtant que le meilleur résultat en ce sens a été obtenu en 1995, alors que le camp du oui regroupait justement une coalition de trois formations politiques.
Si la nouvelle stratégie du Parti québécois repose sur la dénonciation de présumés complots contre le Québec, elle risque fort de ne pas aller très loin.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.