François, le premier, Frank, the first. J’aime ça, il innove, il inaugure un prénom papal. Reste à voir s’il va continuer dans la même lignée et être le premier pape à donner une vraie valeur aux gais, à offrir une véritable égalité aux femmes dans l’Église, à vider un peu les coffres du Vatican pour aider les pauvres, à apprendre la salsa ou à dire l’alphabet à l’envers.
Ah, je sais! Il pourrait être le premier pape à rendre Jésus plus… humain. Même là, un gars comme Jésus, c’est un Einstein de l’intelligence émotionnelle. Vouloir être comme Jésus revient au même que vouloir être comme Einstein. Bonne chance. Tu risques d’être déçu toute ta vie, de te sentir inférieur, incapable, indigne, pas à la hauteur. Bref, de te sentir catholique. On en compte combien, des maîtres spirituels dotés d’un humanisme et d’un recul qui s’approchent de ceux du Jésus qu’on nous décrit? C’est ça, pas beaucoup. Pourquoi? Pour les raisons qui expliquent qu’on compte peu de Jordan, de Crosby, d’Einstein, de Hawking, de McCartney, de Gilmour. Accepter ton potentiel pour ce qu’il est et le savourer, que ce soit en sport, en musique ou en «sagesse», ça te calme le pompon et ça t’épice le bonheur. N’est pas Crosby qui veut, n’est pas Jésus qui prie.
Et pourquoi pas être le premier pape à dire : «OK, n’attendez plus. Jésus ne reviendra pas.» De toute façon, s’il revient, qui va le croire? «Ouin, c’est moi Jésus, fils de Dieu, je suis revenu.» «Haha, y est cute.» Il finirait à l’asile, et non sur le trône du Vatican. Si ça se trouve, ça fait sept fois que Jésus revient, et chaque fois, y se fait sacrer dans un asile. Il doit commencer à être tanné. D’après moi, il a compris la game. La dernière fois qu’il est revenu, il a décidé d’être undercover, sous les traits d’une femme noire, et de se faire appeler Oprah.
Je rêve, je sais. Il n’y aura de nouveau que son nom. Il va répéter plus ou moins les mêmes sottises que les derniers. L’Église, c’est une organisation. C’est une organisation autour d’une pensée. Dans notre tête, nos pensées s’organisent, puis une fois que l’organisation de nos pensées est faite, on prend une décision, une direction. On suit la direction de l’organisation.
Une religion, c’est un peu pareil. Mettons que la terre est une tête. Dans cette tête, il y a plein de positions, d’idées, de voix qui se bousculent, qui essaient de s’imposer. Trop souvent, c’est la voix qui passe en boucle, l’idée qu’on se répète qui va nous guider : «Je ne sais pas danser, je ne sais pas danser, je ne sais pas danser…» Alors, on ne s’inscrit pas au cours de salsa. Ça veut pas dire que c’est la bonne idée, la meilleure. Ça veut juste dire que cette idée-là, cette voix-là dans notre tête, a eu le dernier mot à force de répétition et d’imposition. Dans la bataille idéologique religieuse, François est une nouvelle voix. Voyons s’il redonnera à l’Église le poids du dernier mot.
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