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Deux minutes pour obstruction

Gilles Duceppe reprend du service. À la demande de Pauline Marois, il arpentera les régions du Québec à titre de président de la «Commission nationale sur l’emploi et la main-d’œuvre». La formation de la main-d’œuvre, l’assurance-emploi et l’importance des investissements des fonds de travailleurs seront autant de sujets qui seront analysés par l’ancien chef du Bloc québécois. Ces sujets sont au cœur des litiges récents avec le gouvernement fédéral. Disons-le, la nomination de cet adversaire politique de la première ministre a suscité la grogne dans l’opposition.

Déchaîné sur Twitter comme en chambre, le chef de la CAQ, François Legault, a tonné : «Ce n’est pas aux contribuables de payer pour la réconciliation de Pauline Marois et de Gilles Duceppe.» Ce commentaire, le gouvernement péquiste aurait pu l’éviter s’il avait sollicité l’appui de l’opposition avant de procéder à cette nomination. D’autres l’ont fait avant. Jean Charest avait nommé l’ancien ministre libéral Claude Castonguay à la tête d’un comité sur la santé avec l’assentiment de l’opposition, comme Bernard Landry l’avait fait avec Yves Séguin dans le dossier du déséquilibre fiscal.

À la suite du dépôt du budget fédéral, on a vite senti que le gouvernement du Québec ne pourrait pas compter sur l’unanimité de l’Assemblée nationale pour freiner l’ingérence dans les compétences du Québec en matière de formation de la main-d’œuvre, à moins de courbettes. Le porte-parole libéral, Sam Hamad, n’avait pas manqué de rappeler que le PQ l’avait bien cherché.

À la CAQ, Christian Dubé, plus sage, demandait de travailler avec les autres provinces dissidentes pour obtenir un recul d’Ottawa.

En début de semaine, le PQ cherchait à obtenir le consentement unanime pour une motion visant à défendre les pouvoirs du Québec. Une formulation simple et efficace qui aurait pu, comme dans les dossiers du registre des armes à feu et de la commission des valeurs mobilières, susciter l’unanimité de la chambre. Le PLQ maintenant dirigé par Philippe Couillard s’y est opposé. Finalement, après plusieurs déchirements de chemise non nécessaires, la chambre a accepté la motion rédigée cette fois par le PLQ.

Le Québec tentera de bâtir une alliance avec la Colombie-Britannique et l’Ontario, qui n’ont pas de gouvernement prônant la gouvernance souverainiste, quant aux moyens à prendre pour contrer les visées d’Ottawa.

Jusqu’à maintenant, les élus du Québec n’ont pas été à la hauteur dans ce dossier. Le PQ a brûlé la nomination de Gilles Duceppe. Le PLQ de Philippe Couillard a choisi de faire de l’obstruction. La période pascale donnera deux minutes de réflexion aux élus et leur permettra de reprendre leur souffle. Une occasion de repartir à neuf pour agir en fonction des compétences et des besoins du Québec.

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