Il n’y a pas si longtemps, on parlait de liberté 55 en pensant à la retraite. Les données présentées cette semaine par un comité mis sur pied par le gouvernement du Québec viennent nous dire que, collectivement, nous y sommes bien mal préparés et que l’horizon est probablement bien plus loin que 55 ans.
Ce n’est pas un sujet sexy. En fait, personne n’a vraiment envie d’y réfléchir. Si penser à la retraite peut avoir quelque chose d’apaisant, le volet financier a plus de chance de nous faire angoisser. Alors on pellette en avant en se disant que le temps arrangera bien les choses. Entre-temps, on pose de petits gestes ici et là qui permettent d’éviter le pire. On colmate les brèches avec quelques hausses de cotisations à la Régie des rentes pour parer au plus pressant, puis on se sent mieux. C’est ce qu’on fait depuis les 20 dernières années.
Pendant ce temps, le choc démographique annoncé, la baisse des taux d’intérêt, la longévité, la baisse des rendements boursiers et les congés de cotisations du passé créent un cocktail explosif. Accélérés par la crise financière de 2008, les effets apparaissent tout à coup comme une montagne insurmontable. Même ceux qui croyaient pouvoir dormir sur leurs deux oreilles avec un régime de retraite à prestations déterminées voient plusieurs nuages gris poindre à l’horizon.
Le rapport D’Amours arrive comme un électrochoc. Mandaté par le précédent gouvernement, le comité d’experts qui en est l’auteur porte un regard lucide sur la situation. Il nous propose une rénovation majeure du système de retraite.
On peut être d’accord ou non avec les 21 recommandations. Par exemple, on pourrait très bien se questionner sur le bien-fondé de la création d’une rente de longévité par rapport à une hausse de cotisation à la RRQ. Cela étant dit, l’État doit rapidement agir pour s’assurer que les Québécois soient mieux préparés à la retraite.
Si on accepte que l’épargne pour la retraite soit une responsabilité partagée, personne n’a les moyens de jouer à l’autruche. Il faut saluer le gouvernement qui, par le biais de la ministre Maltais, a répondu promptement. Une consultation publique aura lieu à l’automne. C’est un premier geste, mais ce ne doit pas être le dernier. Pour citer la ministre : «Sans présumer des solutions qui seront retenues, il est clair que le statu quo n’est plus une option viable en matière de retraite.»
Cela peut et va probablement faire mal à notre portefeuille collectif et individuel, mais c’est un incontournable si on veut voir loin sans craindre le pire. Dans ce dossier, les élus ont la responsabilité de voir plus loin.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.