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Le gazon

Samedi 8 janvier, sur la ligne jaune, direction Longueuil. Il est 17 h 45. Je suis invitée à souper chez des amis et mon départ vers la Rive-Sud coïncide avec la fin d’une journée de magasinage olympique pour des centaines de consommateurs inépuisables. Impressionnée par le nombre de paquets que portent les passagers, je me dis que Noël est pourtant derrière nous.

Je tiens sur mes genoux une bouteille de vin dans un sac rigide et réutilisable de la SAQ. Tout près, un coloc de wagon gesticule énergiquement. Je lève les yeux et réalise qu’il s’agit d’une femme dans la jeune cinquantaine. Elle est assise et très concentrée sur la bataille qu’elle livre à une boîte provenant d’une animalerie. Je lis sur ladite boîte : Tapis de gazon synthétique pour animal de compagnie. Sur l’emballage vert gazon figurent les photos d’un petit minou touchant, d’un lapin attendrissant et d’un cochon… d’Inde.

La femme réussit finalement à extirper de son écrin de carton un micro-terrain de golf qu’elle dépose à ses pieds afin d’en apprécier la dimension. Elle semble satisfaite. Le vert est tendre. Printanier. Complètement décalé au cour de janvier.

Comme mon sac qui pique mes jambes, ce gazon est en plastique. Mais lui semble soyeux, à en juger par la manière dont la propriétaire, satisfaite, caresse son mini-arpent vert. En l’observant discrètement, j’imagine un instant le parfum de l’herbe fraîchement coupée. La douceur du soleil de mai.

La dame remet la carpette verte dans son étui. L’hiver revient brutalement. Je pense alors au chat ou autre bestiole qui, dès ce soir, pourra profiter de ce bout de printemps, aussi illusoire soit-il. J’éprouve bêtement de l’envie. Je pense alors à l’adage qui dit que l’herbe est plus verte chez le voisin. Ce qui est surtout vrai au beau milieu de l’hiver!

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