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La fièvre du printemps

Autobus de la ligne 55, direction nord, il est 13 h. Assis en solo, un beau monsieur aux cheveux blancs est devant moi. Entre nous, un banc libre. Rapidement cette place est prise d’assaut par une dame d’un âge certain. Ronde et saine. Les cheveux aussi argentés que ceux de celui qu’elle s’apprête à aborder plus que franchement.

Je suis aux premières loges de leur dialogue. Subtilement, j’écoute, attentive. La Dame : «Monsieur, permettez-moi de vous demander; vos cheveux sont si beaux. Comment faites-vous pour qu’ils ne jaunissent pas?» Elle dit ça, frontalement, dans un anglais aux teintes des pays de l’est.

Le septuagénaire, visiblement francophone et flatté, la remercie avec un accent aux bleuets. Il répond qu’il n’apporte aucun soin particulier à la blancheur de sa chevelure. La dame se trémousse un peu sur son siège. Elle récidive, avec une absence totale de filtre : «Puis-je vous demander votre âge?»

Lui, surpris, mais non moins touché par l’attention que l’Européenne lui témoigne, répond en toute honnêteté qu’il a 78 ans. La dame s’exclame : «Oh!  Mais c’est incroyable comme vous ne les faites pas! Vous êtes si bien conservé!»

L’homme rougit de plaisir. Totalement séduit. Il s’avance un peu vers celle qui le courtise avec tant d’empressement. Il lui fait aussi un compliment et se permet de manière très élégante, de lui demander si son cour est pris.

«Mais oui! Mon mari est justement là!» de dire la Dona Juana, sans ménager sa prise. Elle pointe un monsieur rondouillet, debout, à quelques pieds de nous. Elle lui envoie la main, s’adressant à lui, peut-être en roumain. Elle se lève pour aller le rejoindre laissant en plan l’homme qui, amusé, couvre ses beaux cheveux blancs d’un chapeau.

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