Uncategorized

Jaune orange

Ligne orange, direction Côte-Vertu, 16 h. Elle est assise, toute petite dans sa poussette. Elle a trois, peut-être quatre ans. Elle est adorable avec ses fins cheveux blonds légers comme des plumes et ses yeux verts plus grands que nature. La fillette vit présentement un moment de pure extase parce qu’elle tient entre ses mains un sac de crottes de fromage d’un jaune orange intense qui probablement brille dans le noir.

Il faudrait d’ailleurs que quelqu’un m’explique un jour le lien qui existe entre le jaune orange et le fromage…

La petite engloutit un à un ces morceaux de bonheur qui dessinent autour de sa bouche souriante une auréole pétante. Sa collation est, de toute évidence, exquise. Premièrement parce qu’elle représente un affront au Guide alimentaire canadien et à tout aliment bio. Ça, l’enfant le sait! Elle peut très bien faire la différence entre le saint-brocoli, l’irréprochable filet de morue et le non moins louable chou de Bruxelles qui composent 99,9 % de son alimentation.

Deuxièmement, parce que les crottes de fromage se rangent aux côtés des Froot Loops, des Cheez Whiz et des Whippet dans l’univers magique des saveurs inventées. En fait, si le monde merveilleux de Disney avait une saveur, elle s’apparenterait sûrement à celles de ces produits.

On s’entend, c’est épouvantablement chimique, voire même épeurant. Ce qui, quand on y pense, est conséquent avec ces histoires qu’on raconte parfois aux enfants. Des récits peuplés de sorcières et de dragons. Des fables de Poucet menacé et égaré que les enfants adorent justement parce qu’elles sont si inquiétantes et qu’elles tracent d’autres chemins que ceux empruntés par les princes et les licornes.

Je suis presque certaine que la petite me dirait qu’elle est d’accord, tout en croquant dans une dernière bouchée jaune orange couverte de cette poudre de clown qui fait systématiquement fuir les ogres.

Articles récents du même sujet

Exit mobile version