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Safari

Station Lionel- Groulx. Direction Montmorency. 8 h 30. Il fait bon et beau aujourd’hui.  C’est si rare ces temps-ci. Le soleil nous apostrophe d’un petit coup de rayon dans le dos, question de nous donner du courage pour les jours à venir.

Une envie de légèreté me pousse à troquer les vêtements sombres de novembre contre la douceur et la luminosité des teintes qu’inspire l’été. J’y vais alors en ce sens, et franchement. Je m’habille de blanc. Complètement. Un pantalon léger et une longue chemise de lin.

Ainsi vêtue, je pourrais aisément participer à un safari et espérer croiser un lion… ou un papillon. C’est dans cet état d’esprit et avec cette allure que je monte à bord. Ne trouvant de place pour m’asseoir, je saisis le poteau le plus près.

La voiture est remplie d’usagers qui ont eux aussi la joie sur le visage. Le métro se met en mouvement. J’ai soudainement le sentiment qu’un regard se pose sur moi. En fait, je sens clairement deux points qui s’impriment sur ma tempe droite. Curieuse, je tourne la tête et cherche à qui appartiennent ces yeux. Je trouve sans peine qu’il s’agit d’un homme qui, de l’autre bout de la voiture, me regarde avec insistance, mais non sans bienveillance. Il incline la tête comme si notre contact visuel lui donnait enfin l’aval. Il se dirige vers moi d’un pas enthousiaste.

Il se plante à quelques pouces et me sourit. Je réalise alors que lui aussi est complètement vêtu de blanc. «Je t’ai reconnue», de dire l’homme d’une voix basse et douce. Qui est-il? Aucune idée! J’essaie de toutes mes forces de l’extirper du passé. Des amis communs?  Un voisin du quartier de mon enfance?

D’un air complice, il pointe le plafond, pour signifier le ciel : «On vient de la même planète». Je ne m’attendais pas du tout à ça! Je contiens à peine mon amusement et mon étonnement. Puis, je me dis que c’est ça, la beauté d’un safari : on ne sait jamais ce qui se trouvera sur notre route. Un papillon, un lion ou un extraterrestre.

Et j’espère pour lui que sur cette planète-là, le temps est bon et qu’ici comme là-haut, il fera beau demain.

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