Les annonces se bousculent. En moins d’une semaine, la date de livraison pour le nouveau pont Champlain est passée de 2021 à 2018. Le concours architectural a été mis de côté pour laisser la place à un architecte de renom, en collaboration avec une firme du Québec. Ils auront pour mandat d’encadrer l’approche du design.
La semaine aura été certes marquée par des décisions qui peuvent rassurer. On ne voit pas tous les jours Pauline Marois se réjouir d’une annonce fédérale… On ne peut malheureusement pas dire que le contexte soit optimal. Travailler dans l’urgence n’est pas toujours la meilleure conseillère. Le contexte pousse pourtant les intervenants dans cette direction. La décrépitude de cette infrastructure névralgique pousse tout le monde à faire plus vite.
Pour se donner toutes les chances de parvenir à construire un pont de qualité dans le temps imparti, il faut que les canaux de communication soient ouverts et qu’il y ait le moins de friture possible sur la ligne entre Québec, Ottawa, les municipalités de la Rive-Sud et Montréal.
À ce titre, la proposition de Québec de mettre en place un bureau de projet mixte est excellente. Si le pont est de responsabilité fédérale, les accès et l’offre de transport collectif reviennent à Québec. Comme chacun des paliers gouvernementaux doit livrer une partie du casse-tête, l’idée d’avoir une vision intégrée est incontournable. Dommage que l’idée n’ait pas été acceptée d’emblée par le ministre fédéral de l’Infrastructure, Denis Lebel.
Il reste encore d’autres pierres d’achoppement, dont une importante : celle du péage. Le gouvernement fédéral doit comprendre que le pont Champlain, contrairement à celui de l’autoroute 30 ou celui de la 25, ne représente pas une nouvelle option pour les automobilistes. À juste titre, plusieurs en parlent d’ailleurs comme d’un pont de remplacement.
Tant que le plan d’affaires du ministre Lebel ne sera pas déposé, il sera difficile de dire si nous allons dans la bonne direction. Mais il est d’ores et déjà possible de dire que la collaboration devra primer pour nous assurer que la sécurité et l’intérêt des citoyens passent en premier.
Le pont Champlain sera sûrement dans la liste de la personnalité de l’année et des années à venir. Il s’agit d’une infrastructure névralgique pour la mobilité de la région, mais aussi pour l’ensemble de l’économie québécoise. Montréal a déjà son pont de la Concorde qui enjambe le fleuve Saint-Laurent vers l’île Sainte-Hélène. Souhaitons que les différends se règlent et que le nouveau pont Champlain ne devienne pas celui de la discorde.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.