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Nous sommes tous Tunisiens

Quand les Tunisiens ont sonné le glas des dictatures arabes, les mauvaises langues prédisaient l’échec de cet éveil. Trois ans après, les aigles de Carthage confondent les septiques!

Aux premiers balbutiements du printemps arabe, un jour de décembre 2010, un jeune marchand de légumes s’est immolé sur la place publique, à Sidi Bouzid, pour dire non à l’humiliation de trop.

La peur au ventre, des jeunes Tunisiens ont hésité longtemps avant de se jeter dans le vide. Comme une traînée de poudre, d’autres jeunes en quête de liberté et de dignité rallièrent ce mouvement à Casablanca, Tripoli, Le Caire, Damas, Sanaa et même Alger.

Leurs aînés, toujours sous le choc du syndrome algérien et sa décennie de guerre civile sanglante des années 1990, ont brandi l’épouvantail de l’islamisation imminente de la région.

Mais la rue tunisienne n’a pas cédé. Dans la foulée, trois dictateurs ont été jetés dans la poubelle de l’histoire. Ceux qui résistent encore aujourd’hui ne se maintiennent au pouvoir que grâce à un véritable État policier et une armée corrompue et aux ordres!

Puis, Ennahda a balayé les premières élections tunisiennes. Majoritaires, les islamistes ont étalé leur rouleau compresseur. Et les salafistes, le Tea party des islamistes jusque-là terré, se sont jetés dans la brèche de l’ouverture démocratique. La Tunisie a vacillé, la Libye a tergiversé, l’Égypte s’est écrasée et le Maroc a phagocyté le mouvement. Les sceptiques, encore une fois, crièrent victoire!

En Occident, la peur de l’avènement d’États arabes dirigés par des islamistes comme l’Iran des Ayatollahs a été la goûte qui a fait déborder le vase. Son soutien au printemps arabe a fléchi! L’image d’une théocratie aux portes de la méditerranée a ravivé les affreux souvenirs des Croisades.

Et comme un clin d’œil «divin», en Tunisie, comme dans les autres pays arabes, les islamistes n’ont pas résisté à l’épreuve du pouvoir. Faute d’expérience dans la gestion des affaires de l’État ou d’un long apprentissage sur les bancs de l’opposition, ils ont accumulé les cafouillages et les bourdes. C’était assez pour revigorer les forces vives de la nation tunisienne. Ils n’ont plus lâché un iota à Ennahda et tous les salafistes.

Plus de deux ans après, la Tunisie a redonné le souffle à la rue arabe. Malgré le doute, les assassinats politiques et la peur, ce petit pays par sa géographie vient d’inscrire dans les livres d’histoire une grande leçon de démocratie.

Les Tunisiens ont pondu dans la douleur l’une des constitutions les plus avancées au monde. N’empêche, elle n’est nulle autre qu’un texte creux sans sa mise en application. Une autre manche de la démocratie tunisienne est en marche. Malgré les éternels sceptiques.

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