On a l’impression que rien ne va plus au gouvernement du Québec. Les annonces se suivent et les questions fusent. Le ministre de l’Éducation prévoit la fusion des commissions scolaires sans savoir les économies à prévoir. La ministre de la Famille instaure la modulation des tarifs en garderie sans en connaître les effets. On a l’impression que tout se fait dans l’urgence. Que tout se fait dans le désordre. Improvisation mixte ayant pour titre : on coupe!
Il en va de même pour la présentation inattendue des recommandations de la commission Robillard sur la revue systématique des programmes. Elle n’a même pas le temps de mettre en place des critères et des mécanismes de révision des programmes. Il urge de trouver 3,2 G$… Il n’est donc pas surprenant que les recommandations aient reçu des fins de non-recevoir de la bouche même des ministres responsables des différents dossiers concernés.
Il ne faut sans doute pas tirer sur le messager puisque le comité n’avait pas le luxe du temps. Nommé en juin, il devait livrer le fruit de ses travaux rapidement, comme pour combler le manque de précision du Parti libéral durant la dernière campagne électorale.
Où s’en va le Québec? Quelle vision va guider le recentrage de l’État? Ces questions demeurent entières. Le président du Conseil du Trésor a certes parlé de faire plus avec moins. On connaît pourtant bien cette chanson. On aurait plutôt eu envie de l’entendre parler de faire autrement.
Les services publics méritent d’être analysés autrement que dans une simple vision comptable. Il est important d’équilibrer le budget. Mais il faut le faire avec la volonté d’adapter l’offre de services en tenant compte des différents éléments qui font le Québec d’aujourd’hui. On en est encore malheureusement bien loin. Le gouvernement ne sait même pas combien de programmes il administre. Comment voulez-vous évaluer s’ils répondent toujours aux besoins alors qu’on en a perdu le compte?
Comment est-il possible de faire autrement? On peut penser à l’aspect technologique, par exemple. Les outils disponibles ne sont plus ceux de la décennie passée. On peut aussi accorder davantage d’autonomie aux personnes qui sont sur le terrain. Pensons à la longue lutte des infirmières pour avoir davantage de responsabilités et de reconnaissance en termes de livraison de soins.
Le président du Conseil du Trésor souhaitait cette semaine recadrer les actions du gouvernement. Tous devront faire leur part, a-t-il dit. Cela a plutôt eu pour effet de rappeler une promesse non tenue de l’époque de Jean Charest. Les réformes durables sont rarement le fruit d’improvisation.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.