Un petit café de moins par semaine pour compenser la hausse annoncée de la taxe sur l’essence, un brin plus cher pour les frais de garde, les membres du cabinet libéral ne manquent pas d’images pour minimiser l’ampleur des promesses brisées par le gouvernement.
L’énoncé budgétaire présenté cette semaine est bien loin de la promesse faite au Québécois en campagne électorale. Lors de son discours d’ouverture, le premier ministre Philippe Couillard affirmait qu’il fallait «gérer les dépenses avec la plus grande rigueur et augmenter la colonne des revenus, non pas en imposant davantage mais en créant plus de prospérité, tout en ramenant nos dépenses au niveau de nos moyens réels.» Si l’objectif est fort noble, les moyens pour y parvenir sont loin de correspondre.
Peu importe la façon de calculer, les Québécois sont plus taxés qu’il ne l’était avant l’élection du gouvernement libéral. Il est possible de jouer sur les mots et de dire qu’une taxe ou un tarif n’est pas un impôt, n’empêche que les familles en enverront plus au gouvernement. À la fin du mois, les Québécois qui sont déjà parmi les plus taxés, en auront moins dans leurs poches.
D’un autre côté, la prospérité est loin d’être au rendez-vous. Le ministre des Finances a réduit les objectifs de croissance économique, l’emploi est en chute libre. Loin d’opérer, la magie du parti de l’économie est en panne. Il y a même un risque de décrochage.
Certes, le gouvernement est sur la bonne voie d’équilibrer le budget. Le problème, c’est que tout ça a été fait dans l’urgence et on peut se demander si ce sera durable. Philippe Couillard parle d’un effort gouvernemental qui représente 80 %. Arrive un moment où les formules ne fonctionnent plus.
Dire que l’effort est fait par l’appareil de l’État, c’est comme dire que les dépenses de la maison vont demeurer les mêmes mais que, pour reprendre l’image malhabile du ministre de l’Environnement, dorénavant il n’y aura plus de café. Ce n’est pas de faire plus avec moins, encore moins faire autrement; mais plutôt de payer plus pour moins.
Si on reconnait la nécessité d’équilibrer le budget, il faut aussi reconnaitre la nécessité d’appeler un chat, un chat. Encore une fois, le premier ministre mentionnait dans son discours d’ouverture que «Nous traversons une période marquée par le cynisme et l’ébranlement de la confiance envers nos institutions publiques.» C’est triste à dire, mais ceci explique cela. On ne peut promettre une chose et faire le contraire une fois élu sans accroitre le cynisme… Un petit café avec ça?
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.