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Le mur de la honte

Sous le poids de la peur et de la pression populiste hostile aux musulmans, trois maires du Québec ont cédé et perverti notre démocratie libérale!

D’abord, le maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a bloqué un projet de centre communautaire, parce qu’on soupçonne l’imam Hamza Chaoui d’être radical. Ensuite, le conseil municipal de Shawinigan a refusé l’implantation d’une mosquée dans un secteur industriel de la ville, car son maire a reçu des appels d’un peu partout au Québec lui demandant de bloquer le projet. Enfin, l’arrondissement d’Outremont a annulé une cérémonie organisée par l’Académie de la charia nord-américaine, parce que deux radicaux religieux controversés devaient également prendre part à la soirée. Ces autorités municipales ont-elles le droit de procéder ainsi? La réponse est non.

Comme l’a si bien résumé «À l’épreuve des faits» de Radio-Canada, dans le cas d’un centre communautaire ou d’une mosquée, dès qu’un citoyen respecte toutes les exigences, l’autorité municipale n’a pas le choix :elle doit délivrer le permis demandé.

Ainsi, la personnalité d’un citoyen, sa ferveur religieuse ou encore la nature des activités qui seront exercées dans un local ne permettent pas à la Ville de refuser un permis. Et rien dans le Code criminel ne permet de criminaliser les discours radicaux, sauf s’ils incitent au génocide ou à la haine.

Une administration municipale pourrait toutefois modifier son règlement de zonage afin d’interdire sur son territoire tout nouveau lieu de culte, mais il faudrait prévoir des droits acquis pour ceux qui sont déjà établis dans le secteur.

Ce qui nous arrive au Québec ressemble à l’histoire de cette famille prête à tout pour admirer son magnifique jardin depuis son salon à travers sa magnifique cuisine rénovée et son sublime îlot. Elle a donc démoli l’obstacle lui obstruant la vue sans l’avis d’un l’expert. Or, ce mur était porteur! Après les rénovations tant attendues, un jour, alors que la famille soupait dans l’allégresse, le plafond s’est effondré sur sa tête.

Au Québec, dans une effroyable inconscience, nous sommes en train de démolir méthodiquement les piliers de notre régime politique, à la fois démocratique et libéral. Démocratique dans le sens qu’une majorité du peuple délègue le pouvoir politique à des représentants qui l’exercent en son nom pour une période donnée. Libérale en ce sens que les droits de la personne et les libertés fondamentales sont affirmés et protégés par l’État.

Nos maires clament mener une guerre contre l’extrémisme islamiste et non l’islam, mais dans le réel, ils érigent un mur de la honte autour des musulmans du Québec, nos concitoyens de seconde zone. Ils sont désormais au ban de notre société. J’espère de tout cœur que nous n’allons pas tous le payer très cher un jour!

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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