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La différence de Montréal

À l’aube de l’âge adulte, j’ai choisi de m’installer à Mont­réal. Parfois, je me dis que c’est Montréal qui m’a choisie. Véritable laboratoire de la diversité, Montréal appelle à elle ceux qui ont une histoire inhabituelle, parce qu’elle-même est surprenante.

Je ne parle pas uniquement de la diversité ethnique de Montréal, je parle de toute sa diversité de classes sociales, de modes de vie, de cultures, de croyances politiques et même de tendances vestimentaires. Cette pluralité a exercé un attrait irrésistible sur la fille aux origines bigarrées que je suis.

Je me souviens d’avoir été enchantée par l’effervescence qu’il y avait partout, même si j’étais aussi frappée par la saleté, le désordre et l’imprévu qui régnaient. Sans doute deux côtés d’une même médaille.

Les Montréalais étaient partout entassés, littéralement: la ville compte certains des quartiers les plus densément peuplés en Amérique du Nord. Et elle est aussi l’une des plus sécuritaires. Encore une fois, deux côtés d’une même médaille.

J’entendais les plaintes incessantes: «Montréal est pauvre!» Je me demandais de quelle pauvreté on parlait: les gens étaient sociables et accueillants, l’art et la culture se faufilaient dans chaque recoin de la vie quotidienne, l’espace public était toujours bondé de monde et plein d’énergie. Tout ce dynamisme me semblait être la plus belle des prospérités.

La lune de miel a fini par finir. Je me suis trouvée à faire comme les habitués de Montréal: à me lamenter de tous ces petits désagréments qui sont le lot quotidien des habitants d’une ville chaotique. La fois où, à vélo, j’ai littéralement plongé dans un nid-de-poule que je n’avais pas aperçu, j’ai rejoint la chorale de râleurs.

Mais je me suis assurée de ne pas en faire une habitude. Notre perception du monde se construit aussi par ce qu’on ressasse. Et je suis consciente qu’il y aurait un prix social ou culturel à payer pour que Montréal soit une ville proprette, prévisible et bien rangée. Les routes de Dallas sont impeccables. Je ne voudrais pas y vivre pour autant.

Je ne dis pas qu’il ne faut pas travailler à corriger les maux de Montréal. Au contraire, c’est par amour pour ce qui la distingue qu’on devrait s’engager à en faire une meilleure version d’elle-même.

Montréal a soufflé ses 373 bougies dimanche. Si vous voulez lui parler d’amour, vous pourrez le faire en participant à un jeu lancé sur les réseaux sociaux par le conseiller municipal Guillaume Lavoie à l’approche des festivités du 375e de la ville: chaque jour cette semaine, vous partagez avec votre réseau une liste de 10 faits ou personnages marquants de l’histoire de Montréal. Chaque jour a son thème. Lundi, c’était Les grands événements. Aujourd’hui, Les personnalités du monde du sport. Mercredi, Les pionnières. Et ainsi de suite. Vous publiez sur votre compte et invitez trois personnes à en faire autant. Une façon de se rappeler notre attachement à la ville, et de le dire à haute voix.

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