Ce sont deux grands départs, coups sur coup. Jacques Parizeau d’abord, et maintenant Jean Doré. Deux hommes qui laissent derrière eux de grandes réalisations, de grands accomplissements politiques. Et pourtant, d’un côté comme de l’autre, les observateurs de la scène politique de même que la population n’ont pas manqué d’être critique et, disons-le, parfois même méchants à leur égard.
C’est quand ils partent que nous réalisons l’ampleur du rôle du politique et de leurs politiques dans nos vies. Jacques Parizeau a changé la face du Québec, et il est fascinant que sur le plan municipal Jean Doré en ait fait autant.
Succéder à Jean Drapeau n’était pas une tâche facile. Il avait été l’homme des grands projets : du métro, de l’Expo et des Jeux olympiques. Pourtant, Jean Doré n’a pas manqué de faire sa marque. Avec son équipe, il a changé la manière de faire, la prise de décision du haut vers le bas. Il a inculqué une nouvelle approche citoyenne. Plusieurs l’ont dit, il a donné Montréal à ses citoyens.
Joe Clark, ancien premier ministre du Canada, a dit l’autre jour que certains élus se demandent comment faire fonctionner le statu quo plutôt que de chercher à faire autrement. Il s’agit d’une réflexion très juste. Il aurait toutefois pu ajouter que plusieurs, comme Jean Doré, ont choisi le chemin difficile du changement sans toujours recevoir la reconnaissance qu’ils méritaient.
Nous aimons dire comme électeurs que nous voulons du changement. Cependant, lorsqu’une équipe prend les rênes avec audace et se met à le faire, c’est une autre paire de manches. C’est humain.
Il est vrai qu’une fois les gens partis, on a tendance à garder d’eux le meilleur souvenir. Peu importe le palier – municipal, québécois ou fédéral –, on garde de ceux qui nous quittent le souvenir de leurs plus grandes réalisations. C’est bien normal, puisque ce sont elles qui laissent une trace. Et c’est bien ainsi. De l’héritage de Jean Doré, il faut garder en mémoire l’instauration de la période de questions à l’hôtel de ville de Montréal, la décentralisation et l’ouverture des bureaux d’Accès-Montréal, la vision de développement durable et les premières pistes cyclables. Et la liste est encore longue.
Nous vivons dans une société de l’immédiat, où on juge les actions de nos politiciens à la minute. Chaque mot, chaque geste est scruté à la loupe, commenté sans laisser le temps faire ce que le temps fait le mieux, donner de la perspective. Ce serait quand même bien qu’on puisse aussi apprécier nos élus dans l’instant présent. Bref, leur dire à l’occasion qu’on se souviendra d’eux pour leurs accomplissements.
Jean Doré voulait rapprocher les élus des citoyens de Montréal. Comme citoyen, voilà matière à réflexion quant au chemin inverse, soit se rapprocher de nos élus.