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Un conte de Noël: Le bonhomme de pain d’épices (parce qu’on est en 2015)

Julie, une charmante femme vaque dans un chalet loué sur AirBnB. Elle est en train de faire du pain d’épices. Une ambiance musicale de Noël repérée sur Spotify règne dans la maison. Comme il lui reste de la pâte, elle demande conseil aux membres de son groupe de cuisine sur Facebook, à savoir ce qu’elle peut bien faire avec ça. Elle reçoit 10 likes et plusieurs suggestions dont celles de Johanne, Patrick, Catou et Pascal. Elle décide de façonner un petit bonhomme. Elle prend son iPad pour aller chercher de l’inspiration sur Pinterest. Elle trouve un tableau intéressant, puis une autre épingle attire son attention, et ha! des idées pour son punch de Noël, si bien qu’au bout d’une heure et demi, la pauvre Julie n’a toujours pas commencé sa recette et sa pâte commence à sécher. Elle va sur le site de Ricardo pour trouver un truc pour ramollir sa pâte. Elle repère rapidement l’astuce qu’elle recherche dans les commentaires passifs-agressifs.

Elle dessine des yeux, un nez, un grand sourire et les boutons sur son habit. Elle grimpe sur son petit tabouret et prend une photo en plongée pour la publier sur Instagram. #gingerbreadman #christmas #DYI #foodie

Puis elle le met à cuire. Au bout d’un moment, elle entend tambouriner à la porte du four… Elle l’ouvre et, à sa grande surprise, le petit bonhomme de pain d’épices en sort d’un bond.  Elle veut l’attraper, mais il lui échappe.

– «Ne te sauve pas petit bonhomme, je veux te prendre en photo pour Instagram!»

– «Cours, cours, aussi vite que tu peux! Tu ne m’attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d’épice».

Et il envoie un snapchat à tout son réseau en vomissant des arc-en-ciel.

Elle le poursuit dans la verrière où son mari travaille. Il ferme l’écran de son ordi, pose son pot Masson contenant un reste de jus vert et tente également de le saisir, mais quand le bonhomme de pain d’épice passe devant lui, il ne le regarde même pas et choisit plutôt de lui tweeter:

«Cours aussi vite que tu peux @MariDeJulie! Tu ne m’attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d’épice! 😉 #RNRMTL»

En arrivant sur la route, le bonhomme de pain d’épices rencontre une vache. La vache lui envoie un texto. Il veut lui écrire, mais ses pouces sont trop gros. Il décide d’ignorer son message et crie plutôt par dessus son épaule «J’ai échappé à une femme. J’ai échappé à un homme. Cours, cours, aussi vite que tu peux! Tu ne m’attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d’épices.»

La vache se met à le poursuivre, suivie de l’homme et de la femme. Le bonhomme de pain d’épices rencontre un cheval, ce qui lui fait penser au gif qui circule sur Facebook.

– «Arrête-toi dit le cheval, je veux te manger.»

Mais le bonhomme de pain d’épice dit:

– «J’ai échappé à une femme. J’ai échappé à un homme. J’ai échappé à une vache. Cours, cours, aussi vite que tu peux! Tu ne m’attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d’épice.»

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Il rencontre des manifestants qui rentrent du centre-ville. Ils le regardent passer. Quelle ne fut pas leur surprise de le voir ici! Son statut sur l’événement Facebook indiquait «Peut-être». Le bonhomme de pain d’épices rétorque:

– «Courez, courez, aussi vite que vous pouvez! Vous ne m’attraperez pas, je suis le bonhomme de pain d’épices.»

Les manifestants rejoignent le cortège, derrière la vieille femme, le vieil homme, la vache et le cheval.

Puis le bonhomme de pain d’épices rencontre un renard et lui dit:

– «Cours, cours, aussi vite que tu peux! Tu ne m’attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d’épices.» Alors le renard lui répond:

– «Mais je ne veux pas t’attraper!»

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Après avoir dépassé le renard, le bonhomme de pain d’épices doit s’arrêter devant un nid de poule si profond qu’on dirait une rivière.

Le renard voit la femme, l’homme, la vache, le cheval et les manifestants ainsi que tous ceux qui ont partagé la publication et qui suivent le bonhomme de pain d’épices. La course du petit bonhomme de pain d’épices est devenue virale.

Alors le renard, dont la ruse est la compétence la plus endossée sur Linkedin, lui propose:

– «Monte sur mon dos, je vais te faire traverser la rivière et ton aventure se retrouvera sur Buzzfeed!»

Le bonhomme de pain d’épices monte sur le dos du renard qui commence à nager. Au milieu de la rivière, là où l’eau est profonde, le renard ordonne:

– «Monte sur ma tête, bonhomme de pain d’épices ou tu vas te mouiller.»

Le bonhomme de pain d’épices se met debout sur la tête du renard, sort son selfie stick et publie une photo de lui et du renard.

Comme le courant est rapide, le renard lui dit:

– «Monte plutôt sur mon museau. Je ne veux pas que tu te noies.»

Le bonhomme de pain d’épices glisse sur le museau du renard.

Il arrivent sains et saufs de l’autre côté quand tout à coup le renard ouvre brusquement la gueule et, GLOUP! happe le bonhomme de pain d’épices. C’est la fin pour le petit bonhomme de pain d’épices qui n’avait pas fait son testament numérique.

Quant au chat, il n’entend plus jamais parler de lui car il s’est inscrit sur Google+…
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