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La gare Windsor et ses tours fantômes

La gare Windsor a longtemps été un point stratégique de la ville de Montréal. Autrefois vue comme une véritable clé de voûte de tout un système de transport qui permettait de relier la côte est à la côte ouest, la gare a perdu, depuis le début des années 1990, son rôle de terminus ferroviaire. Après deux décennies d’accalmie relative, il semble que la gare Windsor doive à nouveau se préparer à des changements de taille.

Construite entre 1887 et 1889 par le Canadien Pacifique (CP), qui venait de compléter le premier chemin de fer transcontinental du pays, la gare Windsor a subi deux agrandissements majeurs avant de devenir, en 1914, l’édifice que l’on connaît.

Classée monument historique par Québec en 2009, la gare Windsor est aujourd’hui protégée contre la démolition, qui a bien failli l’emporter dans les années 1970. Toutefois rien ne la protège contre les constructions  at­ten­­dues dans le secteur.

En effet, la société immobilière Cadillac Fairview a acquis la gare Windsor, le terrain où se trouve aujourd’hui la Place du centenaire et les droits aériens au-dessus du Centre Bell en 2009. Elle a depuis présenté un projet immobilier de 400 M$ qui devrait faire naître une tour à bureau et trois tours d’habitation dans le quadrilatère formé par les rues Peel, de la Montagne, Saint-Antoine et l’avenue des Canadiens de Montréal.

«Le projet se réalisera, a assuré Dinu Bumbaru, le directeur des politiques d’Héritage Montréal, qui offre demain une visite du secteur. Cadillac Fairview a investi des sommes importantes pour acquérir la gare Windsor. Elle doit maintenant rentrer dans son argent.»

Cadillac Fairview compte construire deux tours d’habitation de 50 étages et de 44 étages sur l’actuelle Place du centenaire. Une tour à condos de 14 étages s’ajouterait au-dessus du Centre Bell. La construction pourrait commencer aussi tôt qu’en 2012 si la demande pour les unités d’habitation est forte.

«C’est sûr qu’au départ ces tours risquent de ressembler à des séquoias au milieu de la plaine, a illustré Dinu Bumbaru. Mais il faut voir que le centre-ville se transforme et changera beaucoup autour de la gare Windsor et du Centre Bell au cours des prochaines années.»

Cette transformation, qui s’inscrit dans ce que M. Bumbaru qualifie de migration du centre-ville vers l’ouest et le sud de Montréal, pourrait s’accélérer avec la construction de la tour à bureaux de 27 étages projetée par Cadillac Fairview.

Avant de lancer la cons­truction, le promoteur devra toutefois démolir l’ancien immeuble de la comptabilité du Canadien Pacifique, qui a été ajouté à l’ouest de la gare Windsor, sur la rue Saint-Antoine, en 1940. Cet immeuble, fait de briques brunes, n’a pas été classé monument historique.

«Je ne comprends pas pourquoi l’édifice ne pouvait pas être intégré au projet, a commenté Dinu Bumbaru. Je ne comprends pas que le gouvernement fournisse à ses fonctionnaires des bacs de recyclage pour qu’ils y jettent leur post-it, mais qu’il est prêt à jeter par terre un bâtiment solide.»

Au-delà de cette déception, le directeur des politiques d’Héritage Montréal se montre plutôt optimiste quant au nouveau propriétaire de la Gare Windsor. «Cadillac Fairview est en général assez respectueuse, a affirmé Dinu Bumbaru. Les gens qui y travaillent ne sont pas des cowboys. Ça nous rassure.»

Héritage Montréal souhaite tout de même qu’un exercice public soit mené avant qu’une première pelle­tée de terre ne soit réalisée. «Ça serait bien de mettre les cho­­ses en ordre avant de lancer les travaux, a estimé M. Bum­­baru. Si Cadillac Fairview ar­rive avec une feuille de papier et qu’elle dit : « on a le droit de construire », ça ris­que de ne pas bien se passer.»

Une consultation publique s’est tenue avant la construction du Centre Bell, au début des années 1990. C’est à cette époque, alors que Jean Doré dirigeait Montréal, que s’est joué l’avenir du secteur de la gare Windsor et que les tours fantômes qui rythmeront d’ici quelques années l’avenir du bâtiment historique sont apparues.

Des terrains vagues, mais pour combien de temps?

La société immobilière Cadillac Fairview a acquis, depuis 2007, la majorité des terrains situés au sud de la rue Saint-Antoine, entre les rues Peel et Lucien-L’Allier. Pour le moment, aucun projet précis n’est rattaché à ces lots, mais le directeur des politiques d’Héritage Montréal, Dinu Bumbaru, entrevoit un avenir flo­ris­sant pour ces anciens stationnements et autres terrains vagues.

«On a déjà parlé d’y bâtir un centre com­mercial ou d’y aménager un nouveau terminus pour autobus. Pour l’instant, ça se passe beaucoup sur papier, mais on peut imaginer que quelque chose se produira dans un horizon de cinq à dix ans.»

Le promoteur immo­bilier True North possède également des terrains constructibles. Ces terrains, destinés il y a plusieurs années au nouveau stade des Expos, pourraient accueillir d’autres projets d’habitation dans les années à venir.

Voir le futur

Héritage Montréal offre, à compter de samedi, des Architectours qui permettront aux curieux d’imaginer le futur de huit secteurs de Montréal.

  • Autour de la gare Windsor: 6 et 28 août
  • Centre-ville ouest: 7 août et 3 septembre
  • Le Glen: 13 août et 25 septembre
  • Avenue des Pins, entre la ville et la montagne: 14 août et 10 septembre
  • Quartier de l’innovation: 20 août et 4 septembre
  • Quartier du Musée: 21 août et 17 septembre
  • Complexe olympique: 27 août et 18 septembre
  • Quartier des spectacles: 11 et 24 septembre

Les personnes intéressées doivent se présenter au point de départ des visites avant 14 h. L’inscription se fait sur place, selon le principe du premier arrivé, premier servi.

Pour plus d’information visitez le site d’Héritage Montréal

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