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Inconduite sexuelle: Hajdu veut de nouvelles règles

OTTAWA — Il est encore trop tôt pour dire si le mouvement #Moiaussi (#Metoo) est allé trop loin, selon la ministre du Travail, Patty Hajdu, qui commentait les récentes allégations d’inconduite sexuelle qui seraient survenues sur la colline du Parlement, à Ottawa.

En entrevue, Mme Hajdu a dit croire que les jeunes employés demeuraient particulièrement vulnérables aux abus.

Selon elle, on pourra se demander si le mouvement est allé trop loin lorsque de jeunes employés n’éprouveront plus de problèmes de harcèlement ou de violence sexuelle.

Pour l’instant, la ministre affirme avoir entendu plusieurs histoires de la part d’employés, qui sauraient entre eux quels députés éviter en général et quels députés éviter lorsque ces derniers ont pris un verre de trop.

Elle croit que c’est une bonne chose si les politiciens masculins, qui détiennent encore la majorité du pouvoir à Ottawa, commencent à se poser des questions sur les limites à ne plus franchir.

La Presse canadienne a questionné une trentaine de députées fédérales issues de toutes les formations politiques le mois dernier pour leur demander si elles auraient été la cible d’inconduite ou de harcèlement sexuels avant ou après leur entrée en politique.

Des 38 répondantes, plus de la moitié ont révélé avoir déjà vécu une forme d’inconduite sexuelle que ce soit par des remarques, des messages textes ou des commentaires sur les réseaux sociaux qui sont inappropriés ou encore par des gestes déplacés.

Mais les résultats ont suggéré qu’il pourrait y avoir un problème beaucoup plus important sur la colline du Parlement.

Si elles n’ont pas toutes vécu ce genre d’incidents, les répondantes étaient nombreuses à connaître une femme dans leur milieu de travail qui a déjà subi une forme d’inconduite sexuelle, qu’il s’agisse d’un membre du personnel politique, d’une page, d’une stagiaire, d’une employée de la Chambre des communes, d’une fonctionnaire ou d’une élue.

Les employés plus vulnérables

Sans vouloir minimiser les expériences de ses collègues, Mme Hajdu a fait remarquer que les députées avaient quand même plus de pouvoir que leurs employés qui travaillent sur la colline du Parlement, dans leur bureau de circonscription ou leur ministère.

Ces employés sont souvent jeunes, inexpérimentés et occupent des postes précaires, a souligné la ministre. Et le fait que leur employeur puisse être leur agresseur complexifie d’autant plus leur problème.

Les employés craignent souvent de nuire à leur réputation et à leur parti si elles dénoncent.

«Plusieurs employés me parlent de leur réticence, même s’ils vivent du harcèlement, à se plaindre d’un membre du Parlement qui est en quelque sorte dans leur équipe», a-t-elle expliqué.

«Il y a une autre couche en politique qui dissuade les gens à dénoncer.»

Le gouvernement libéral a présenté un projet de loi au mois de novembre pour resserrer les règles sur le harcèlement dans les milieux de travail réglementés par le fédéral. Ces mesures s’appliqueraient aux parlementaires et à leurs employés.

Le texte législatif vise à resserrer le Code canadien du travail pour forcer les employeurs à agir lorsqu’ils reçoivent des plaintes de harcèlement. Il s’appliquerait aux secteurs sous juridiction fédérale comme le secteur bancaire, celui des transports et des télécommunications.

En cas de plainte, le projet de loi clarifierait la marche à suivre, qui inclurait au besoin une enquête indépendante menée par une «personne compétente».

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