Suicide Action peine à former des intervenants à cause des coupes en santé
Les coupes et la réorganisation dans la santé font mal à l’organisme Suicide Action, qui affirme ne plus arriver à former du personnel du réseau pour intervenir auprès de personnes suicidaires.
Résultat : des intervenants de Info-social, rattaché au service d’aide téléphonique Info-santé, répondent à des appels de gens suicidaires en situation de crise, mais ne sont pas tous outillés pour le faire, selon la directrice générale de l’organisme, Fabienne Audette.
Cette dernière impute la situation à l’abolition, en avril dernier, de l’Agence de santé de Montréal, qui coordonnait les formations. «Depuis le 1er avril, on fait du démarchage pour essayer de voir où sont les budgets, à qui on doit parler? Ça fait des mois qu’on patauge dans des dédales», explique-t-elle.
Elle ajoute que Suicide Action a été convoqué à une rencontre avec les cinq Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS) de Montréal pour établir un plan d’action et «reconfirmer la pertinence des formations et débloquer des budgets». «Ces travaux-là vont prendre des mois. Moi, je fais quoi en attendant? Et pendant ce temps-là, le réseau ne forme personne», déplore-t-elle.
Mme Audette indique que les 35 500 appels qu’a reçus Suicide Action l’année dernière ne représentent «qu’une infime partie» des gens qui ont besoin d’aide. «Pour pouvoir rejoindre ces personnes, il faut former des intervenants. Les personnes dans le besoin sont partout», martèle-t-elle.
Le porte-parole du Parti québécois en matière de services sociaux, Jean-François Lisée, a sommé le gouvernement de réinvestir dans la formation et la prévention du suicide. «Dans son dernier budget, le gouvernement n’a pas fait de la prévention du suicide une réelle priorité; il doit réinvestir les sommes dévolues à la formation et à la prévention», a-t-il fait savoir par communiqué.
«L’effort budgétaire demandé au réseau de la santé visait l’administration. L’an dernier, ce sont 11,5 M$ qui ont été investis dans la prévention du suicide», a fait savoir par courriel le cabinet de la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois.