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Couillard interpellé pour modifier la réforme de l’aide sociale

Photo: Chantal Lévesque/Métro

Des groupes d’intervention auprès des jeunes ont interpellé le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, pour qu’il demande à son ministre de l’Emploi, François Blais, que celui-ci modifie son projet de loi 70, qui vise à réformer l’aide sociale.

Selon le projet de loi, les premiers demandeurs d’assistance sociale devront s’inscrire à un plan d’intervention d’un an au minimum, sous trois options différentes, soit la recherche d’emploi, le développement des habilités sociales ou un programme de formation.

Ceux qui négligent de suivre ces parcours pourraient voir leur prestation d’aide sociale passer de 623$ à 399$ par mois. Avec le crédit d’impôt solidarité de 103$ par mois, cela le laisse avec 502$ pour vivre.

D’après la Coalition interjeunes, ces nouvelles règles auront pour effet de «punir» les jeunes qui ne se conforment pas au programme Objectif emploi. Un jeune qui a un cheminement «atypique» – soit à cause d’une situation familiale difficile, d’une dépendance à la drogue, par exemple – pourrait avoir du mal à suivre un pareil régime de façon régulière, et voir sa prestation réduite à un peu plus d’un tiers de ce qui serait nécessaire pour couvrir les soins de base d’une personne seule.

«Après un mois là-dessus, réintégrer ce jeune devient extrêmement difficile, a expliqué en point de presse mardi Sylvie Norris, directrice du Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec. Il va trouver des façons de survivre qu’on ne souhaiterait pas.»

Pour Isabelle Gendreau, du Regroupement des Auberges du Coeur du Québec, le projet de loi démontre une «profonde méconnaissance» des jeunes en difficulté. «On vient juste mettre un carcan en présumant que les jeunes ne voudraient pas travailler, que si on les met sur l’aide sociale, ils vont rester dans leur salon à ne rien faire», a-t-elle déclaré.

«On trouve ça scandaleux que si un jeune ne se conforme pas, on va aller couper son chèque. En quoi lui couper les vivres, l’empêcher de se nourrir, de se vêtir, de se déplacer, lui permettra de s’en sortir ?» – Isabelle Gendreau, du Regroupement des Auberges du Coeur du Québec

Dans sa mouture actuelle, le projet de loi représente un «recul important», selon Vivian Labrie, chercheure associée à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomique et une des instigatrices de l’actuelle Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, que le projet de loi cherche à modifier.

«Intervenir comme ça en coupant un revenu de dernier recours qui est la seule possibilité pour les gens de s’en sortir s’ils n’ont pas d’emploi, en rendant ça plus stigmatisant, en retardant le moment où on va aller le demander à cause de toutes les règles qui vont être appliquées, c’est priver les gens du nécessaire qu’ils ont besoin pour vivre. Et ça, ce n’est vraiment pas acceptable», juge-t-elle.

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