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Simon Roy: L’hiver de force

Photo: Josie Desmarais/Métro

L’auteur de Ma vie rouge Kubrick s’offre un second labyrinthe d’émotions avec son nouveau livre Owen Hopkins, Esquire.

«Comme si à 10 ans, je sentais déjà, sans pouvoir l’exprimer avec des mots précis, que ma vie ne serait qu’une succession d’abandons, de pertes amères et de regrets.»

Ces mots sont ceux de Jarvis qui part à Hull – en Angleterre – pour visiter son père mourant, Owen Hopkins. Un homme qui ressemble à Gary Carter des Expos, possède la voix de Nick Cave, ment comme le Baron de Münchhausen et qui n’a jamais été proche de son fils.

Une souffrance parmi tant d’autres où se trouve enterrée une tragédie que l’on ne veut pas imaginer. Celle de la disparition de la chair de sa chair. « Comment survivre au drame, à la perte d’un enfant, quand tu es un parent et que ton enfant meurt?, se questionne son créateur, Simon Roy, lui-même père. Est-ce que c’est faisable et vivable? »

Une mélancolie latente que n’aurait pas reniée Olivier Adam émane régulièrement de cet ouvrage, qui s’inscrit subtilement dans l’inconscient. Comme fil d’Ariane pour trouver son chemin dans les dédales de mensonges et de vérités, il n’y a pas moins de 70 chapitres, souvent très courts, où la légèreté laisse place progressivement à une gravité sourde.

«La forme des courts fragments me plaisait, avoue le romancier, qui a remporté le Prix des libraires en 2015 pour son essai romancé Ma vie rouge Kubrick. J’aimais l’idée de désamorcer ou de faire patienter. C’est un procédé, de faire suivre un chapitre très fort dramatiquement par quelque chose qui va casser ça. Sinon, on verse dans le pathos.»

«Sans obsession, on ne devrait pas écrire, on ne devrait pas faire de film. On ne devrait rien faire sans obsession. Sinon, à quoi bon? D’autres vont le faire mieux que toi. » – Simon Roy, auteur d’Owen Hopkins, Esquire

La chronologie et la temporalité en sont ainsi altérées, comme si les souvenirs guidaient le récit. Cela amène un jeu constant sur la forme où les informations déboulent sans lien apparent. «Je place les choses de manière très hétéroclite, labyrinthique, à la limite, explique Simon Roy, qui enseigne la littérature au Collège Lionel-Groulx. Il n’y a pas grand-chose qui ne trouve pas son écho quelque part plus loin. Je ne donne pas de clé aux lecteurs, je les invite à se perdre pour mieux qu’ils se retrouvent. Le livre est contrôlé, calculé et j’aime ça.»

Fil rouge

Si The Shining était le moteur de Ma vie rouge Kubrick, c’est un autre film qui accompagne Owen Hopkins, Esquire, sorte de thriller enneigé entre ici et là-bas où le passé refait surface constamment.

«Pour les émotions que ça brasse et qui se retrouvent dans le livre, ce serait Il était une fois dans l’Ouest, admet l’auteur Simon Roy. J’avais le goût d’écrire sur mon film préféré. Il symbolise une partie de l’enfance du personnage et cette partie-là est très proche de moi.»

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