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Bernard Émond, attentif au monde

Photo: Les films Séville

Bernard Émond qui rencontre Tchékhov, c’est l’évidence même, et Le journal d’un vieil homme, la dernière pierre d’une filmographie marquée par la gravité.

Son précédent film, Tout ce que tu possèdes, annonçait déjà une démarche plus littéraire, et Le journal d’un vieil homme confirme la voie qu’emprunte Bernard Émond. En adaptant Une banale histoire de Tchékhov, le cinéaste a conservé la narration de l’œuvre originale pour mieux entrer dans la tête de son héros: un médecin malade (Paul Savoie) qui se sent isolé de la société et de sa famille et qui tente de prendre soin de sa fille adoptive (Marie-Ève Pelletier), qui est incapable de s’extirper de sa mélancolie.

«Je ne vois rien de plus juste sur le vieillissement, note le réalisateur en entrevue, qui a le goût de transposer cette histoire depuis près de 25 ans. Tchekhov dit qu’il y a des gens pour lesquels on ne peut rien, dont la douleur est inguérissable, et que même les personnes qui les aiment le plus n’arriveront pas à les guérir. Mais en même temps, l’amour n’est jamais perdu. Il y a cette dichotomie intéressante, cette façon de voir à la fois la dureté de la vie et d’être plein de gratitude d’être en vie.»

«Beaucoup de cinéma est du cinéma adolescent. C’est du cinéma de sensations, de rebondissements, pour tenir le monde en haleine, divertir et détourner de la vie un peu trop ordinaire que le monde a. Mais Bernard ne fait pas ça. Il essaye de faire un film pour s’approcher des valeurs auxquelles il croit. Le cinéma de Bernard Émond est du cinéma adulte qui s’adresse à l’intelligence et à la sensibilité des adultes.» – Paul Savoie, acteur

S’il revient de nouveau à ses thèmes fétiches (comme la perte et la transmission), le créateur de l’illustre La neuvaine se questionne sur ce qui importe vraiment et sur la difficulté d’être heureux.

«On dit qu’on vit dans une époque à la fois pessimiste et odieuse, que l’on va vers le mur, qu’il y a des désastres économiques et écologiques et qu’on n’y peut rien, rappelle le metteur en scène. Mais on y peut quelque chose. Je pense vraiment qu’on est les gardiens du monde. Que nous sommes responsables de la mémoire, de l’Histoire et qu’il faut être attentif au monde qui nous entoure.»

Déceler la lumière
Le cinéma de Bernard Émond n’a pas la réputation d’être joyeux, et Le journal d’un vieil homme ne fait pas exception. De la chaleur émane toutefois des thèmes abordés et de la finale, particulièrement émouvante. Pour Marie-Ève Pelletier, tout est une question de rythme et de consonance.

«Sa lenteur lui permet d’entrer à l’intérieur des êtres, des têtes, des cœurs. Ce qui m’a beaucoup touchée, dans ce film-ci, c’est la grande harmonie de la musique, des couleurs, du vent. Comme si tous les éléments étaient en phase. C’est très réconfortant et ça contrebalance l’aspect sombre du récit.»

Le journal d’un vieil homme
En salle vendredi

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