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Judith Bannon: 7 secrets, 8 questions, plusieurs nuances

Photo: collaboration spéciale

Elle a écrit ses 7 secrets dans le secret, justement. En catimini, pour ses amies, pour le plaisir. Finalement, Judith Bannon a sorti une trilogie faite d’une simple équation: «suspense + humour + érotisme». Le résultat est-il comparable à une certaine cinquantaine de célèbres Nuances? Pas tout à fait. Quoique…

Tout commence par un récit, rédigé pour elle, pour des copines. 7 secrets de mon ex.

Ça se passe dans les Laurentides, dans un chic complexe de plein air. Un air dans lequel planent des magouilles financières et une histoire de vengeance doublée d’une histoire d’amour irrésolue. Au cœur de tout cela, il y a Laurie, directrice événementielle du glamoureux endroit dont le petit ami a disparu, sept ans auparavant, sans laisser de traces ni d’explications. Mais pourquoi? Et comment? Et où?

Puis un jour, en faisant son traditionnel jogging dans les bois, elle tombe sur une structure en forme de cœur gigantesque, recouverte de satin rouge, de ses fleurs préférées (la totale) et d’un mot de son homme volatilisé. «Je suis revenu.». Mais est-ce que ce retour signifiera automatiquement son bonheur?

Pour Judith Bannon, inventer le parcours de Laurie l’a été, source de bonheur. Tellement qu’elle a terminé ce déferlement de rebondissements, teinté de suspense et d’éléments de chicklit, sur un mystère. «Est-ce qu’on pourrait avoir une suite s’il vous plaît?» lui ont demandé ses proches. «Tu devrais envoyer ton manuscrit à des éditeurs», lui ont conseillé d’autres. Après avoir hésité, l’ancienne enseignante collégiale s’est dit: «O.K. J’essaie.» Elle s’est lancée, ç’a fonctionné, et il y a eu trois tomes publiés, dont le tout dernier, 7 secrets à faire frissonner vient de paraître en librairie. («J’ai vécu un gros, gros deuil quand j’ai fini!» s’exclame-t-elle.) Affirmant d’emblée avoir souhaité «offrir une lecture de divertissement, très accrocheuse» et sexy, elle propose de «plonger et de se laisser envoûter par ce monde». Allons-y.

Depuis la sortie de 50 Shades of Grey, sitôt qu’un roman comporte des scènes érotiques, on le compare à la série de E.L. James. Est-ce que ça vous tanne? Ou est-ce que cette trilogie a été aussi marquante pour vous que pour d’autres auteurs du style New Adult?
Je ne dirais pas que ç’a été une référence, parce que je voulais que ma protagoniste soit beaucoup plus forte. Je ne voulais pas inclure d’histoire de soumission, et je ne parle pas juste sur le plan sexuel! Cela dit, je trouve que ce qui a été bien avec 50 Shades, c’est que ces romans ont amené le sujet de l’érotisme sur le plancher. Ils ont donné la possibilité aux femmes de dire : je lis de l’érotique et c’est correct! Avant, cette littérature était malheureusement encore un peu trop cachée, plus marginale.

Est-ce que le prénom d’Erika, une des amies de Laurie, est un clin d’oeil à l’auteure?
L’auteure de 50 Shades? Non, non, non, pas du tout! En fait, même en cours d’écriture, des fois, je changeais les prénoms de mes personnages, parce que leur personnalité se forgeait vraiment. Oui, changer les prénoms, moi, j’ose faire ça! (Rires)

Votre héroïne a une peur phobique du quétaine. Le summum de l’insulte, pour elle, c’est recevoir des fleurs à la Saint-Valentin ou, pire, une boîte de chocolats de la pharmacie. De la même façon, trouvez-vous que les lecteurs ont tendance à avoir des préjugés et à dire que c’est quétaine, lorsqu’ils sont placés face à des histoires d’amour et de la chicklit?
Peut-être… Mais je pense que l’ouverture est là et que, dans les dernières années, on a compris que la littérature érotique s’éloignait des romans savon, des Harlequin. Moi, j’ai été classée dans New Adult. C’est un terme plus actuel, qui modernise les romans d’amour. Ce n’est pas le typique «un gars embrasse une fille et hop, c’est son prince charmant!» Pour ce qui est du geste d’offrir des chocolats de pharmacie à la Saint-Valentin, il est juste maladroit, je trouve! L’effort est tellement minime! C’était plus pour faire un clin d’œil et dire: «Non, non, ça, ce n’est pas romantique, mon grand! Fais autre chose!» (Rires)

Le thème de la confiance traverse vos romans. Avoir confiance dans la vie, perdre confiance en tout, rebâtir sa confiance en soi, dans les autres. Une idée qui vous habitait?
C’est toujours le thème qui revient, oui. Le fait de se demander tout le temps, surtout à cause de la distance, si les bases sont encore solides selon le vécu qu’on a eu, chacun de son côté. Une autre question que je voulais explorer c’est: est-ce qu’on peut vraiment changer? Ou si on demeure toujours les mêmes?

«Quand j’ai décidé d’écrire, c’était clair dans ma tête que je voulais ajouter le côté plus érotique parce que, pour moi, ça fait partie de la vie. Ça fait partie du quotidien. Pourquoi décrire un paysage et ne pas décrire ce qui se passe dans l’intimité des personnages?» – Judith Bannon

Vous glissez quelques clins d’œil qui font sourire. Laurie remarque notamment que Pitbull dit toujours son nom dans ses chansons, et imagine ce que ça donnerait si Marc Dupré faisait la même chose. «Nous sommes les mêmes. Marc Dupré!» D’où vient cette remarque?
(Rires) La musique a toujours fait partie de ma vie! J’ai des enfants – dont certains sont rendus ados – qui partagent cette passion avec moi. On fait souvent des blagues sur ça et c’est un petit truc qui est venu. On se disait: «My God! S’il fallait que des chanteurs québécois fassent ça!» Mais avec Pitbull, ça marche! Y’a pas de problème!

Dans vos romans, certains rituels s’installent. Notamment les rencontres, toujours au même resto, entre votre héroïne et ses copines, toujours servies par le même serveur qui les connaît bien. Est-ce que vous souhaitiez créer un sentiment de familiarité pour les lecteurs? Qu’on fasse partie de ces rituels aussi?
Comme c’est une écriture qui est très dynamique, qu’il y a beaucoup d’échanges, mon but premier, c’était que ce soit facile pour les lecteurs. Pour qu’une fois que l’ambiance, que l’extérieur a été établi, ils puissent se concentrer sur le contenu des conversations. C’était important pour moi.

Durant l’un de ces traditionnels soupers, une de ses amies dit à Laurie: «Ton histoire surpasse les scénarios de toutes les séries télévisées que je connais.» Et Laurie demande à son tour: «Elle est plus palpitante que La galère?» Le scénario de cette Galère, c’est un modèle d’écriture?
Oui! J’ai a-do-ré cette série! Je l’ai mangée toute ronde! C’est un style d’écriture que j’aime, et la façon dont ç’a été rendu par les comédiennes, c’est incroyable! C’est une belle référence pour moi!

Parlant de série télé, le premier tome (et le deuxième d’ailleurs) se termine sur un cliffhanger, comme on dit, un moment de suspense. Donc vous saviez d’emblée qu’il y aurait une suite?
Je le souhaitais! En plus, je trouvais que c’était la finale qui allait de soi. Moi-même, quand je lis, j’aime rester sur un «Oh! Wow! Qu’est-ce qu’il va se passer après?» Il y a beaucoup de lectrices qui viennent chaque jour sur mon Facebook pour dire qu’elles aussi ont hâte de connaître la suite!

Judith Bannon 7 secrets à faire frissonner7 secrets
(De mon ex, Plus intimes et À faire frissonner)
En librairie aux Éditeurs réunis

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