Fatima: L’histoire de l’autre

Dans son émouvant Fatima, le cinéaste Philippe Faucon dresse le portrait de femmes fortes d’une même famille.

L’intégration des personnes issues de l’immigration a souvent été au centre du cinéma de Philippe Faucon. Elle peut être dérangeante comme dans La désintégration, un film brûlant d’actualité où de jeunes gens se joignent à des groupes radicaux. Ou elle peut être plus douce et parsemée d’espoir, à l’image de Fatima, qui raconte le combat quotidien d’une mère pour assurer le meilleur avenir possible à ses deux filles et qui est inspiré du livre Prière à la lune, de Fatima Elayoubi.

«Mon personnage principal est isolé parce qu’elle ne parle pas le français comme ses deux filles, développe en entrevue le réalisateur, rencontré lors de son récent passage à Montréal. Elle se raccroche en écrivant dans un journal intime ce qu’elle ne peut dire à personne.»

«Il y a des gens dont on ne raconte jamais l’histoire. Ce sont des personnes qui se lèvent à 5 h du matin pour ramasser les poubelles, faire des ménages et essayer de faire en sorte que leur enfant accède à quelque chose de mieux que leur parcours à eux.» -Philippe Faucon, réalisateur de Fatima

Coproduction France-Québec (la délicate partition musicale est signée Robert Marcel Lepage), le long métrage tend vers le réalisme, privilégiant un cinéma plein de vitalité à la Pialat et Cassavetes plutôt qu’un ton naturaliste documentaire digne des frères Dardenne ou de Mike Leigh.

De quoi mettre à l’avant-plan le jeu de comédiens débutants et d’acteurs non professionnels comme Soria Zeroual, qui possède plusieurs choses en commun avec l’héroïne qu’elle interprète.

Économe de moyens et d’enjeux, le film touche malgré tout de nombreuses cordes sensibles. «Souvent, on raconte au cinéma une intégration problématique qui passe par des difficultés, parce que c’est plus cinématographique, plus dramatique, explique le metteur en scène français, qui est né au Maroc. On a l’impression qu’il y a davantage matière à édifier. Mais cette histoire-là est faite aussi de gens qui ont cette espèce d’obstination à avancer, à essayer de chercher leur place dans la société ou le pays dans lequel ils ont été amenés à vouloir trouver une meilleure vie.»

Fatima
En salle dès vendredi