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Montréal-Nord: la réinsertion par le jardinage

Une douzaine de participants d'un programme de réinsertion ont participé au reverdissement de Montréal-Nord. Photo: Romain Schué/TC Media

Des citoyens démunis et éloignés du marché du travail retrouvent le goût aux activités professionnelles en participant au reverdissement de Montréal-Nord.

Ce matin, la tuque, les gants de ski et un deuxième chandail s’avèrent bien nécessaires. Alors qu’un vent frais accompagne une température déjà proche de zéro, cinq membres du Groupe information travail (GIT) s’affairent, depuis 9h, à planter des vignes au bord du triste boulevard Industriel, simple voie de passage quotidienne de milliers d’automobilistes.

Un sécateur à la main, Jean-Luc Bergeron, coordonnateur de cette «Brigade verte de Montréal-Nord», un programme de réinsertion débuté mi-avril qui a déjà fait ses preuves sur le Plateau-Mont-Royal, annonce fièrement le bilan de son équipe.

Alors que ses troupes quitteront l’arrondissement mi-novembre après six mois de labeur, «leurs actions resteront pour longtemps et les participants peuvent se montrer heureux de ce qu’ils ont réalisé», assure le responsable de ce projet-pilote.

2000 arbres plantés
Avec l’aide d’une douzaine de participants et en collaboration avec SOVERDI, le GIT aura planté près de 2000 arbres aux quatre coins de Montréal-Nord, dont plus de 400 uniquement sur ce boulevard Industriel, qui va également accueillir 350 vignes dans le but «de redonner un peu d’âme» à ce secteur en manque de verdure.

Depuis le printemps, des missions de ramassage de déchets ont également été menées sur les boulevards Pie IX et Henri-Bourassa, mais aussi de désherbage et d’entretiens paysagers dans différents espaces verts de l’arrondissement et autour du corridor vert, un projet visant à créer un milieu de vie agréable dans le nord-est du territoire.

«Dans 20 ans, nos participants pourront se dire qu’ils ont grandement participé aux changements de décor de Montréal-Nord, explique Jean-Luc Bergeron. Pour eux, c’est plaisant. Ils ont enfin l’impression de réaliser quelque chose de concret.»

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Un sentiment d’appartenance développé
C’est justement le but du GIT, qui ne se contente pas uniquement d’enseigner l’art du jardinage à ses employés saisonniers, triés sur le volet. «On ne choisit pas des étudiants qui veulent simplement un job d’été», précise Jean-Luc Bergeron.

Alors que certains ont connu des problèmes familiaux, de délinquance, décrochage scolaire, drogue ou d’itinérance, tous partagent un manque de ressources et un besoin de retrouver une expérience professionnelle après plusieurs mois ou années d’inactivité.

«Pour moi, c’est une grande bouée de sauvetage qui n’est pas que financière, explique Patricia Patenaude-Basque, l’une des participantes à ce programme. J’ai eu plusieurs trous, des mauvaises périodes et Jean-Luc m’apporte aussi un gros soutien moral et m’aide à chercher un emploi.»

À ses côtés, Patrice Joseph, qui a grandi dans les rues nord-montréalaises, se montre ravi «de mettre un peu de vibe dans [mon] quartier !»

«C’est bien de se sentir utile, poursuit le jeune de homme 27 ans, à la recherche d’un emploi avant d’être embauché par le GIT. J’ai l’impression que mon travail à un effet. Et si on ne s’occupe pas de rendre Montréal-Nord un peu plus beau, qui va le faire ?»

Le GIT espère reprendre ses activités de verdissement dans l’arrondissement en 2017. Un projet de plantation d’arbres chez les résidents est actuellement en discussion.


Un conflit estival avec les cols bleus
Durant l’été, le GIT et les cols bleus de Montréal-Nord ont connu quelques «tensions» et «prises de bec». Alors que ces derniers contestaient, auprès de la mairesse Christine Black, le recours à un organisme communautaire pour des tâches habituellement accomplies par des employés municipaux, quelques insultes auraient fusé dans les rues de l’arrondissement, en provenance des deux parties. «Ce n’était pas facile car le but du projet, c’est de donner une expérience positive de travail à des gens qui ne travaillaient plus. Mais on avait un contrat, un travail à effectuer et on voulait remplir notre mandat», indique Jean-Luc Bergeron, avant de préciser que ce souci est désormais clos.

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