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Du basket au-delà de la rue

Les Wolfs affrontent The Mobs en finale des 12-14 ans. Photo: Ralph-Bonet Sanon

Le tournoi de Basket de rue a beaucoup changé en 25 ans. Né en réponse à la violence entre gangs de rue dans Montréal-Nord, l’événement se veut aujourd’hui un rendez-vous festif pour les jeunes basketteurs de partout au Québec.

Un dimanche, au parc Le Carignan, des équipes masculines et féminines s’affrontent en finale de quatre catégories, sous le regard de dizaines de badauds et au son d’une musique tonitruante. L’ambiance est à la fête et à la compétition.


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«Man, man, man», crie Malick Étienne à ses joueurs pendant la finale des 12-14 ans. C’est qu’il veut leur rappeler de jouer une défense homme à-homme.

Plus tard, le jeune homme de 18 ans jouera lui aussi en finale, dans une catégorie d’âge plus vieille. Ce sera sa 6e participation au tournoi.

«J’ai pas eu de père, quelqu’un pour me dire de rester dans le sport, comme la plupart de ces jeunes-là et je suis un peu tombé dans la rue et la drogue», confie-t-il.«J’ai payé le tournoi pour eux, des fois je les amène manger, je veux leur donner ce que j’ai pas eu au lieu qu’ils vivent les mêmes affaires que j’ai vécues», ajoute-t-il.

Malick dirige l’équipe des Wolfs avant de jouer en finale des 18 ans et plus.

Deux des joueurs de Malick, Kevin et Sean de Kovachich, voient le tournoi comme une occasion de continuer à faire de la compétition l’été.

Les frères de 12 et 13 ans respectivement jouent pour l’équipe de l’École secondaire Henri-Bourassa, ainsi que pour la ligue civile Mtl Prospects.

De façon générale, le basketball est aussi une façon pour eux de rester loin des problèmes, dit leur mère.

«Sans le basketball, je sais pas ce qu’ils feraient.»
– Andrea de Kovachich

Kevin de Kovachich tente un «crossover» pour déjouer un adversaire.

Balle aux dames
Les filles ne sont pas en reste au tournoi. Elles s’affrontent toutes dans la même catégorie, peu importe leur âge et leur calibre.

«J’aime le fait de pouvoir jouer avec les filles de mon équipe avec des règles plus lousses», explique Mélodie Juste, 21 ans, qui joue pour les Spartiates du Cégep du Vieux Montréal.

«Pendant l’année et une partie de l’été, je joue avec l’équipe du Collège Dawson, alors le tournoi, ça me permet de jouer avec les filles des Monarques, mais dans un aspect plus libre», renchérit Sara Esongola, 18 ans.

Les Monarques se sont imposées en finale des filles.

Évolution
Quand le travailleur de rue Lazard Vertus a fondé le premier tournoi en 1992, on y comptait 8 équipes surtout composées de jeunes Montréalais noirs d’origine haïtienne.

Le 25e tournoi, lui, compte 30 équipes, avec des joueurs de Québec, Gatineau, Joliette, Laval et de plusieurs quartiers de Montréal. Des athlètes du secondaire, du collégial et même de l’université. Comme Montréal-Nord, le tournoi a beaucoup changé en 25 ans, constate l’organisme qui coordonne le tournoi.

«Au début du tournoi, c’était quand la question des gangs de rue était beaucoup plus présente à Montréal-Nord. L’objectif était beaucoup plus de rapprocher les jeunes Noirs, les jeunes Blancs et les policiers. Mais aujourd’hui, c’est plus ça», fait valoir la directrice de la Maison des jeunes L’Ouverture, Sheilla Fortuné.

Sheilla Fortuné salue le travail des intervenants et travailleurs de rue avant elle.

«C’est sûr que de nos jours, quand on regarde les nouvelles, on va toujours parler des gangs de rue, mais quand on est sur le terrain, il n’y a pas de question de couleurs, de bleu, de rouge, etc.», observe Mme Fortuné.

Le tournoi a ses vétérans et ses légendes, comme Manix Auriental, qui a joué dans la Ligue Basketball Québec (LBQ) et Samuel Dalembert, qui a joué dans la NBA.

Les deux ont été faits président d’honneur du 25e tournoi, en compagnie de l’entrepreneur nord-montréalais Greg Excellent, qui rêve d’ouvrir une «banque haïtienne» à Montréal.

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