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Flor del Pilar: la maman des nouveaux arrivants d’Outremont

Photo: Vanessa Limoges /TC Media

Le 31 aout 1998, Flor del Pilar Arana atterrit à Outremont enceinte jusqu’au cou et réalise rapidement que les ressources manquent pour les mères immigrantes professionnelles dans l’arrondissement: elle décide alors de les créer.

Discuter avec Flor del Pilar sur une terrasse de l’avenue Bernard, c’est aussi saluer la quasi-totalité des résidents de l’arrondissement. Des contacts humains qui ont joué un rôle primordial pour Flor: celui d’appartenir à sa communauté.

«À mon arrivée, j’étais seule et méfiante, j’ai frôlé la dépression, raconte-t-elle. Aujourd’hui, mon réseau est tellement large que lorsque je vois des immigrants qui n’arrivent pas à se trouver un emploi et qui quittent Outremont, j’ai l’impression d’avoir échoué», explique-t-elle.

Parcours exceptionnel
«On s’installe à Outremont pour les écoles, la sécurité, la verdure, mais y rester en tant qu’immigrant n’est pas facile», confie celle qui a quitté Bogota à 20 ans pour l’Angleterre avant de se déplacer vers la Belgique.

«Mon mari est belge, ma fille a les yeux bleus, la peau pâle, alors les résidents du quartier me prenaient pour une nounou», se souvient-elle.

Pour les gens du secteur, Flor n’avait pas le profil d’une femme carrière. Selon elle, cette barrière s’est beaucoup dissipée, mais continue d’exister.

«Je ne parlais pas la langue et je devais trouver un moyen de me créer un réseau, alors j’ai décidé de m’intéresser à la finance», raconte-t-elle.

L’absence de ressource et l’inexistence de son réseau ont rapidement poussé l’immigrante à développer tout ce dont elle avait besoin. En 1999, elle cofonde le Club d’investissements Symposium, qui permettra à ses 33 membres de faire fructifier leur argent.

Flor avait enfin un réseau, qui lui a vite permis de faire des rencontres intéressantes. La première fut un membre du club Toastmaster du centre-ville, une association qui permet aux gens de développer leurs habiletés d’orateur.

«Il nous en fallait un à Outremont», s’est-elle dit. Sans perdre de temps, en 2003, elle cofonde le Club Toastmaster’s d’Outremont, dont les membres se rencontrent tous les lundis soirs.

Ce n’était que le début pour Flor, puisque selon elle, «il reste encore beaucoup à faire pour l’intégration sociale des nouveaux arrivants dans le quartier».

Intégrer les immigrants
«Les enfants immigrants qui ne parlent pas le français sont envoyés à Guy-Drummond, l’unique école internationale de l’arrondissement qui donne aussi des cours de francisation», explique-t-elle.

Bien que l’école soit l’occasion pour les jeunes immigrants de se créer un réseau, elle voulait que les parents aussi puissent en bénéficier.

Il y onze ans, quelques parents motivés ont commencé à échanger. C’est en discutant des particularités de la société québécoise autour d’un café que les parents des enfants qui fréquentent Guy-Drummond ont créé un outil indispensable: le Comité grande famille.

Ce programme qui est désormais soutenu par le ministère de l’Immigration permet d’organiser des réunions annuelles où Flor joue le rôle d’interprète pour les familles latinos et anglophones.

«Nous expliquons les bases aux nouveaux résidents et nous échangeons nos numéros. C’est un peu grâce à ce réseau que nous réussissons à les garder à Outremont», confie-t-elle.

Soutenant que la discrimination à l’emploi est un obstacle important, Flor entend faire disparaître ces barrières un programme à la fois. «Une fois que ton ventre est rempli, que ton intellect est stimulé, il reste le cœur, et c’est là, que le sentiment d’appartenance prend tout son sens», souligne-t-elle.

Flor del Pilar est actuellement bénévole et trésorière pour l’organisme Outremont en famille en plus de travailler sur l’introduction de nouvelles technologies dans les industries pharmaceutiques d’Amérique du Nord et d’Europe.

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