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Faut-il des quotas de filles?

Alors que notre première première ministre fait ses adieux à la politique provinciale, on voit difficilement qui sera la prochaine. La nouvelle députation ne compte que 34 femmes, et de la seule candidate pressentie pour prendre la relève au PQ, Véronique Hivon, on a dit qu’elle n’était probablement «pas assez bagarreuse».

Alors, on fait quoi? Puisque le seul parti véritablement féministe s’est imposé la parité hommes-femmes, on serait tentés de croire que c’est la voie à suivre. Que ça prend des quotas de femmes en politique. Qu’à défaut d’avoir une parité naturelle, on s’en concocte une de pacotille, espérant qu’à force de manger des brocolis, on va finir par aimer ça. Cette idée de faire de la discrimination positive gêne beaucoup de monde, y compris plusieurs femmes. Personne n’a envie d’être un quota. Avec raison. Comme les hommes, les femmes veulent être choisies pour leurs compétences.

Les quotas ne sont même pas qu’une forme de discrimination positive. C’est aussi une discrimination négative contre l’ensemble des femmes :admettre les quotas, c’est croire que, naturellement, sans aide, les femmes ne seront pas choisies. C’est, d’une certaine façon, baisser les bras devant la nature humaine, qui aurait plutôt tendance à choisir des hommes. Enfin, c’est ce qu’on observe dans les résultats.

Au fond, est-ce vraiment le cas? Choisit-on naturellement moins les femmes pour nous représenter politiquement, ou sont-elles tout simplement moins nombreuses à ressentir l’appel de la politique? Face à ces deux options, mon instinct penche pour la seconde. Les raisons pour lesquelles moins de femmes se présentent en politique sont multiples, et certaines d’entre elles sont connues et documentées. Parmi elles, la socialisation des jeunes filles joue pour beaucoup. Depuis leur plus jeune âge, on a valorisé chez elles des caractéristiques sur lesquelles elles n’ont que peu d’emprise, comme leur apparence physique, les laissant parfois avec un vague sentiment d’impuissance et un goût peu développé pour le pouvoir. À compétences égales, les femmes se sentent, bien souvent, moins compétentes que les hommes. Ce qui est perçu comme une qualité chez un homme qui cherche le pouvoir (mettons, la combativité) est perçu chez elles comme un défaut (qu’on présentera comme de l’agressivité). Et quand on admire leurs compétences, on s’attend à ce qu’elles se comportent comme un homme pour les faire valoir. C’est ainsi qu’une Véronique Hivon est présentée comme une candidate pleine de potentiel, mais pas assez «bagarreuse».

Je simplifie, évidemment. Tout ça est bien complexe, et il est bien plus facile de proposer des quotas pour régler en apparence le problème que de s’attaquer à ces enjeux de fond. La socialisation des jeunes filles, c’est compliqué à changer. Bien sûr, le statu quo est inacceptable. Il faut plus de femmes en politique. Mais si on les impose, ces fameux quotas, je me demande quel message on envoie aux jeunes filles. Un beau cas de cercle vicieux, à mon avis.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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