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«Ma voix est mon mot de passe»

Photo: Collaboration spéciale

Entretien sur la biométrie vocale dans les bureaux montréalais de Nuance.

La biométrie vocale, qui permet de s’identifier grâce à sa voix et non avec un mot de passe, pourrait devenir une arme de plus en plus importante au cours des prochaines années pour se défendre contre les attaques informatiques. Et ce sera en grande partie grâce à des recherches effectuées ici même à Montréal.

Il n’est plus question de savoir si les mots de passe disparaîtront un jour, mais plutôt de savoir quand et par quoi ils seront remplacés. Les mots de passe sont faciles à obtenir en masse lorsqu’un site est piraté, faciles à deviner, faciles à utiliser à distance: les internautes d’aujourd’hui sont à risque, et les mots de passe sont en grande partie à blâmer.

«Je ne vois pas comment on peut garder indéfiniment les mots de passe», juge Brett Beranek, directeur de la stratégie pour la biométrie vocale chez Nuance, le géant de la reconnaissance vocale et principal fournisseur de solutions de biométrie vocale dans le monde.

La compagnie américaine est implantée à Montréal depuis le début des années 2000. Son plus grand centre de recherche au monde emploie quelque 550 personnes en tout, dont la majorité travaille en recherche et développement.

Par exemple, en souhaitant «bonjour» à sa voiture, on pourrait être reconnu par son véhicule, qui ferait par exemple jouer la radio selon nos goûts.

Avec la biométrie vocale, inutile d’avoir à retenir 30 mots de passe complexes. Il suffit de dire une phrase simple, comme «ma voix est mon mot de passe», pour qu’un système parvienne à nous identifier.

«On analyse plus de 100 caractéristiques spécifiques dans la voix pour la reconnaître», explique Brett Beranek. Certaines de ces données sont physiques, comme la fréquence d’un son particulier, et d’autres sont comportementales, comme l’accent, le débit, etc.

Comme les empreintes digitales, les empreintes vocales sont uniques, et permettent d’identifier un individu avec précision.

Si la technologie existe depuis un certain temps déjà, la biométrie vocale commence depuis quelques années à gagner en popularité dans les entreprises, tout particulièrement les banques. Au Canada, Tangerine recourt d’ailleurs actuellement à une solution du genre pour son application mobile.

Prévoir les attaques
Voilà qui est prometteur, mais qu’advient-il si quelqu’un vous enregistre et utilise votre voix pour accéder à vos comptes en ligne?

Ce scénario, souvent utilisé au cinéma, devrait être ardu à reproduire dans la vie, grâce aux nombreux algorithmes utilisés par Nuance pour se protéger, dont la plupart ont été développés ici même à Montréal.

«Si une banque utilise par exemple la biométrie vocale pour vous identifier, le système s’assure que la voix n’est pas diffusée par des haut-parleurs», précise Brett Beranek. Ce qui est dit ne doit pas non plus être un montage et la voix ne peut être identique à 100% à une authentification précédente (ce qui est impossible dans la vraie vie).

La voix n’est évidemment pas le seul élément biométrique qu’il est possible d’utiliser, puisqu’une entreprise pourrait aussi recourir aux empreintes digitales ou à la reconnaissance faciale, par exemple. Idéalement, plus d’un élément devrait en fait être proposé aux utilisateurs. Après tout, la biométrie vocale n’est pas idéale pour faire une transaction pendant une réunion, par exemple, et la reconnaissance faciale est impossible s’il fait noir.

«En offrant deux solutions, on offre plus de flexibilité, et on ouvre la porte à l’abandon total des mots de passe. Et c’est ça l’objectif», juge le directeur de la stratégie.

Aussi pour la personnalisation
Même si la sécurité est l’une des applications les plus connues de la biométrie vocale, celle-ci pourrait aussi se démarquer en raison de la personnalisation qu’elle permet, croit Brett Beranek, de Nuance Canada.

En souhaitant «bonjour» à sa voiture lorsqu’on la démarre, on pourrait être reconnu par son véhicule, qui ferait par exemple jouer la radio selon nos goûts, ou ajusterait aussi notre banc, notre miroir, la température, etc. Personnellement, je pense que la personnalisation pourrait être beaucoup plus importante dans le monde que la sécurité elle-même», estime Brett Beranek.

Et dans les deux cas, cela aura été rendu possible en grande partie grâce à des centaines de chercheurs montréalais.

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