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Pokémon Go expliqué aux grincheux

Photo: Maxime Johnson

Pokémon Go stupéfie bien des observateurs. À en croire les plus grincheux d’entre eux, les dizaines de millions de participants au phénomène de l’heure déambulent dans les rues par simple mimétisme. Une horde de zombies qui ne sait pas ce qu’est le vrai plaisir et qui se réveillera bien à un moment donné. Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près, le succès de Pokémon Go était à prévoir.

La nostalgie pour certains
La popularité quasi instantanée de Pokémon Go s’explique en partie par la nostalgie. Des millions d’utilisateurs ont téléchargé l’application tout de suite après son lancement, simplement parce que l’univers Pokémon a fait de nombreux adeptes au cours des 20 dernières années. Avec ses jeux, ses séries télé et ses films, la franchise aurait d’ailleurs rapporté 46,2 G$US jusqu’ici. La nostalgie est une force puissante qui affecte toutes les générations. Le succès de La guerre des étoiles, de quelques stations de radio FM et de certaines recettes douteuses dans ma belle-famille en est certainement la preuve.

La nostalgie ne pourra pas à elle seule permettre au jeu conçu par Niantic Labs de perdurer. Mais elle lui donne certainement une longueur d’avance à ses débuts.

La fusion du réel et du virtuel
Pour les plus jeunes, Pokémon Go permet en quelque sorte de vivre un rêve d’enfance : trouver des pokémons dans la nature, les élever et remporter des combats. Oui, les joueurs ont les yeux rivés sur leur écran, mais grâce à la réalité augmentée où des éléments virtuels s’affichent par-
dessus la carte de leur quartier ou ce qui est filmé par leur téléphone, tout ceci semble se faire dans le monde réel et non sur une console Nintendo.

Être le meilleur joueur dans un monde virtuel est déjà attrayant pour plusieurs amateurs de jeux vidéo. Être le meilleur au coin de sa rue l’est tout autant.

L’attrait de la collection
Le mécanisme principal de Pokémon Go consiste à marcher dans les rues pour trouver des pokémons, de petites créatures mythiques que le joueur attrape avec des pokéballs. Le slogan de la franchise – «Attrapez-les tous» – montre que celle-ci est une histoire de collection : le joueur veut amasser tous les 151 pokémons offerts dans Pokémon Go, dont certains sont plus rares que d’autres.

Les psychologues
expliquent l’habitude de la collection de différentes façons, pas toujours positives. Pour certains, il s’agit d’une manière de calmer l’anxiété, de compenser un manque d’amour dans son enfance ou encore de rehausser sa valeur face à l’autre sexe en démontrant ses habiletés à accumuler des ressources. Peu importe la raison, les collectionneurs éprouvent certainement du plaisir et une sensation d’accomplissement lorsqu’ils amassent leurs timbres, leurs bouteilles de bière étrangères ou leurs livres rares. La chose est tout aussi vraie dans le cas des pokémons.

L’esprit de communauté
À l’instar de tous les autres grands succès (pensez au film Titanic à l’époque), un cercle vertueux permet à la popularité de Pokémon Go de susciter à elle seule de nouveaux adeptes. Quand un phénomène atteint cette ampleur, télécharger le jeu devient un passage obligé, ne serait-ce que pour comprendre ce dont tout le monde parle.

L’attrait de Pokémon Go va toutefois au-delà de cette envie de suivre la mouvance de l’heure. Puisque le jeu se déroule dans le vrai monde, dans la rue et dans les endroits publics, les joueurs se croisent et s’affrontent. Un esprit de communauté se développe. Les jeux extrêmement populaires, notamment Clash of Clans et World of Warcraft, tirent généralement profit d’une communauté de ce genre.

Et ce n’est qu’un début. Éventuellement, le concept d’équipe – tous les joueurs de Pokémon Go sont rassemblés dans trois équipes distinctes – sera mis en avant, et la possibilité d’échanger des pokémons accroîtra encore plus l’importance du volet social du jeu.

Les joueurs ont téléchargé Pokémon Go par nostalgie ou par curiosité, et ils vont y jouer le temps d’amasser tous les pokémons. Si Niantic Labs joue bien ses cartes, c’est toutefois cet aspect communautaire qui prendra le dessus et qui incitera ensuite une partie des joueurs à y revenir pendant des mois et peut-être même des années, au grand dam des grincheux.

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