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Tomber de haut une fois sur le marché du travail

Photo: Collaboration spéciale

Après de longues années d’études, la découverte tant attendue du marché du travail s’accompagne parfois d’une cruelle désillusion : en fin de compte, la carrière choisie ne plaît pas.

«Je n’avais pas le goût de me lever le matin pour aller travailler, je sortais de moins en moins avec mes amis, je dormais beaucoup pour oublier tous les doutes et toutes les questions qui m’assaillaient», raconte Julie*, juriste dans une grande entreprise depuis trois mois.

Cette jeune diplômée en droit des affaires avait auparavant effectué un stage d’un mois dans un cabinet d’avocats.

Mais ces deux expériences lui ont fait réaliser qu’elle s’était trompée de voie. «J’avais idéalisé le métier d’avocat, je suis tombée de haut, explique la jeune femme de 24 ans. Et puis, je me suis rendu compte que j’avais besoin de pouvoir exprimer mon côté créatif.»

Catherine Tremblay, conseillère au Service de gestion de carrière à HEC Montréal, voit régulièrement de jeunes diplômés comme Julie venir la consulter. Selon elle, le mauvais choix de carrière concerne surtout des individus qui se sont orientés sur la base de critères qui ne correspondent pas à leurs valeurs, à leur personnalité, à leurs compétences et à leurs intérêts. «Certains de mes clients ont choisi la finance, car ils aspiraient à une sécurité financière, mais ils ont oublié de se demander s’ils aimaient cela, détaille Mme Tremblay. Je vois aussi des personnes qui souffrent d’épuisement professionnel, car elles travaillent dans la vente, mais sont introverties.»

Un premier emploi insatisfaisant peut aussi être le résultat d’une méconnaissance de la réalité du secteur professionnel choisi. Cela amène parfois le jeune diplômé à remettre complètement en cause son choix de carrière.

André Samson est professeur en counselling de carrière à la Faculté d’éducation d’Ottawa. Il invite les jeunes à faire preuve de persévérance et à ne pas abandonner leur premier choix d’orientation professionnelle sur un coup de tête. «Il faut accepter une certaine part d’insatisfaction et s’attendre à vivre des déceptions pendant les deux premières années de carrière», estime-t-il.

Selon lui, une carrière est un cheminement, un processus. «Il faut parfois passer par un certain désenchantement pour se découvrir soi-même et mieux préciser son choix», souligne-t-il. Réaliser que son premier emploi ne satisfait pas ses attentes ne signifie donc pas nécessairement de recommencer à zéro. Se recycler dans un domaine connexe est possible. «Certains jeunes médecins se rendent compte qu’ils n’arrivent pas à faire face à la souffrance humaine, mais ils peuvent rester dans le secteur médical en travaillant en épidémiologie ou pour une entreprise pharmaceutique», explique M. Samson.

Des ressources
Avant de faire un nouveau choix de carrière plus en accord avec ses attentes, il est essentiel de mieux se connaître et de se renseigner sur la réalité du nouveau métier convoité. Faire des entrevues d’information avec des professionnels du domaine sélectionné permet d’y voir plus clair.

Le bénévolat ou les stages sont aussi des moyens de se frotter à une nouvelle profession. Julie* songeait à se tourner vers le journalisme. Elle a donc commencé à faire des revues de presse et des reportages pour la radio bénévole montréalaise CIBL. Une expérience qui lui a permis de valider son choix : «Je me sens exister à travers le métier de journaliste.»

Rencontrer un spécialiste de l’orientation est aussi utile pour apprendre à mieux se connaître. Les services de gestion de carrière de la plupart des  universités offrent de l’aide même après l’obtention du diplôme. Et les ressources des carrefours jeunesse-emploi sont accessibles jusqu’à 35 ans.

Enfin, des livres existent pour trouver des réponses à ses questions.  Un exemple? Le guide d’orientation L’Orient-expert (Éditions Septembre), rédigé par Isabelle Falardeau, afin de valider ses interrogations professionnelles.

* nom fictif pour préserver l’anonymat

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