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Quatre types de cancer du sein : la grande nouvelle

Photo: Getty Images
Michelle Castillo - Metro World News

La nouvelle s’est retrouvée en première page partout : une nouvelle étude, publiée récemment dans la revue Nature, a réussi à établir le génome de divers sous-types de cancer du sein invasif. Cette percée pourrait fournir d’importants indices sur la façon de traiter plus efficacement la maladie.

Mais comment interpréter ces données médicales? Qu’est-ce que cela peut signifier pour nous? Portrait de la situation.

Ce qu’on savait déjà
On sait depuis la fin des années 1990 qu’il existe plusieurs formes de cancer du sein invasif. Voici quatre des principales.

Luminal A
Ce type de cancer du sein se développe lentement. Il est positif aux récepteurs de progestérone et d’œstrogènes – c’est-à-dire que sa progression est favorisée par ces hormones – et négatif à celui de la protéine HER2 (ou récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain), connue pour favoriser la croissance des cellules cancéreuses. Il présente un faible risque de récidive.

Luminal B
Il se développe rapidement. Il est positif aux récepteurs de progestérone et d’œstrogènes, et négatif à celui de la protéine HER2. Il présente un faible risque de récidive.

HER2
Il se développe à la faveur de diverses mutations génétiques attribuables à la protéine HER2. Il présente un risque de récidive plus élevé que les cancers du sein de type luminal A ou luminal B.

Triple négatif
Il se développe rapidement. Il est négatif aux récepteurs de progestérone, d’œstrogènes et de la protéine HER2. Il présente un impor­tant risque de récidive.

Ce que les chercheurs ont fait
Afin d’en apprendre davantage sur les différents sous-types de cancer du sein, les chercheurs se sont penchés sur leur génome, plus précisément sur les taux d’ARN, le séquençage génétique et la manière dont les gènes ajoutent certains groupes méthyles et créent certaines protéines. Ils ont en outre comparé le génome des sous-types de cancer du sein au génome de l’organisme des patientes souffrant de la maladie.

«La question a toujours été : “Quelles sont les mutations sous-jacentes qui causent les différents sous-types de cancer du sein?”» explique le Dr Ellis. Les chercheurs ont répertorié près de 40 différences entre les diverses formes de cancer du sein. Entre autres découvertes, ils ont pu établir que le cancer du sein de type triple négatif présente des similitudes avec certaines formes agressives de cancer
de l’ovaire.

Ce que ça signifie pour l’avenir
Pour ce qui est des cancers du sein de type triple négatif, le Dr Ellis explique que les chercheurs peuvent désormais voir si les médicaments utilisés pour traiter le cancer de l’ovaire ne sont pas plus efficaces que ceux employés dans les protocoles habituels. Mais certaines questions d’ordre éthique se posent, notamment sur la possibilité pour les médecins d’adopter de nouveaux traitements.

«Devons-nous recourir à la chimiothérapie préconisée pour le cancer de l’ovaire plutôt qu’au traitement qui a été éla­bo­ré au cours de 40 ans d’essais aléatoires?» se demande-t-il.

Les chercheurs ont également découvert qu’une mutation de la phosphoïnositide 3-kinase, un récepteur cellulaire, se produit chez les femmes souffrant d’un cancer de type luminal A. Or, il existe déjà des médicaments qui ciblent ce genre de mutation. Les chercheurs pourront donc voir si certaines médications existantes sont en mesure d’aider les patientes à combattre ce cancer.

Les facteurs de risque du cancer du sein
Le Dr Matt Ellis, professeur du département médical de l’Université Washington, à Saint-Louis, a participé à l’étude publiée dans Nature. Il explique à Métro qu’il existe différents facteurs qui augmentent le risque de contracter un cancer du sein.

«Le cancer du sein est une maladie de l’ère industrielle, affirme-t-il. C’est la conséquence du fait que les femmes ont moins d’enfants et qu’elles les ont à un âge plus avanc��.»

Le Dr Ellis ajoute qu’on a découvert dans la littérature médicale des siècles passés que les religieuses italiennes – qui étaient mieux nourries que le reste de la population, n’avaient pas d’enfants et menaient une vie sédentaire – étaient plus sujettes au cancer du sein. Ces religieuses avaient à peu près le même mode de vie que de nombreuses femmes aujourd’hui.

L’obésité constitue également un facteur de risque, tout comme la précocité des premières menstruations. Les filles qui commencent à avoir leurs règles à 9 ans plutôt que vers 14 ou 15 ans, comme leurs mères et leurs grands-mères, sont ainsi plus à risque. Plus une femme a de cycles menstruels et moins elle a d’enfants, plus elle est susceptible de souffrir d’un cancer du sein. Un historique familial de cancer du sein est aussi un facteur de risque.

Enfin, les femmes qui suivent des traitements hormonaux pour repousser la ménopause courent un risque.

Ce que l’étude nous apprend
Le Dr Ellis explique que, si les médecins savaient déjà qu’il existait des sous-types de cancer du sein, ils ignoraient comment traiter exactement chacun d’eux. Tous les patients recevaient donc les mêmes traitements généralisés.

Grâce à cette étude, les chercheurs seront bientôt en mesure d’affiner les traitements, car ils seront davantage capables de répondre à trois grandes questions :

  • Faut-il que des modifications soient apportées aux traitements de chimiothérapie classiques?
  • Y a-t-il des médicaments ciblés dont la fonction doit être revue pour traiter efficacement un type donné de cancer du sein?
  • Quelles sont les priorités dans la conception de nouveaux médicaments?

«En établissant l’étiologie (l’origine) des divers cancers du sein grâce aux données de l’étude, nous pourrons proposer de nou­velles hypothèses thérapeu­tiques», se réjouit le Dr Ellis.

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